mardi 28 décembre 2010

Kolo tacle Drogba

Un incorrigible ..."égocentre" que Didier Drogba. On le sait depuis longtemps : il se la joue toujours perso au sein de la sélection de Côte d'Ivoire, sur le terrain et en dehors. Ce qui compte, c'est son image, sa com... et basta.
Le conflit postélectoral qui divise ces dernières semaines son pays a été pour lui le prétexte d'une "sortie" médiatique. Il s'est promu porte-parole des Eléphants et il a balancé un communiqué de presse : " Nous défendons, affirme-t-il, la démocratie et nous estimons que nous, peuple ivoirien, méritons qu'elle triomphe (le vainqueur des élections présidentielles, c'est qui Monsieur Didier?)". "Nous souhaitons, poursuit-il qu'une issue rapide soit trouvée pour éviter toute confrontation dans la rue. Nous élevons contre toute partition du pays qui se ferait au détriment de l'unité bien réelle de notre peuple".
Soit, mais Drogba qui a, depuis longtemps, rejoint le camp de Laurent Gbagbo n'est pas un porte-parole neutre et objectif. Et il est encore moins attaché à la démocratie : il a décidé tout seul de lancer un appel auquel il n'a pas jugé utile d'associer ses coéquipiers. Il parle d'unité mais ne la respecte pas au sein de la sélection. Kolo Touré, le vrai capitaine des Eléphants a réagi : "J'ai été, déclare-t-il aux médias, surpris de voir ce communiqué. Personnellement, je n'ai pas donné mon accord à cette initiative. Je n'ai pas été avisé. Je n'ai jamais dit que j'étais pour cette déclaration. Et je ne me reconnais absolument pas dans ce que Didier a dit. Mes convictions politiques ne me regardent que moi. Je suis pour la paix. Nous autres Eléphants avions par le passé, refusé de prendre partie."
Somme toute, Drogba a pris en otage les Eléphants et les a engagés sans les consulter dans une opération de communication destinée à renforcer son image dans les médias européens? Il a du Gbagbo dans les veines, notre "égocentre"?

jeudi 23 décembre 2010

Le bal des loosers

Plus nulle que sa Majesté Hayatou VI quand elle parle foot, tu meurs! A l'occasion du gala sponsorisé par une société de téléphonie mobile nigériane et organisé au Caire, le président de la CAF s'est fendu d'un discours à mourir de rire. Ses porte-plumes écrivent qu'il a mis en exergue "le caractère exceptionnel de l'année 2010 pour le football africain". " Les footballeurs africains nous ont procuré beaucoup de sensations fortes cette année de Luanda à Johannesburg (...) avec des moments inoubliables et inimaginables de joie" a déclaré Hayatou.
Oubliés la fusillade de Cabinda, l'affaire du Togo, le fiasco sportif du Mondial (1 seul qualifié pour le deuxième tour sur six), la suspension des violeurs de l'éthique de la Fifa (cf. Amos Adamu, Amadou Diakhité et Slim Aloulou), la pitoyable double finale de la Ligue des champions TP Mazembe - Espérance sportive de Tunis, les révélations de la BBC qui le mettent nommément en cause, etc...Une belle moisson de casquettes en 2010 mais toujours un Hayatou droit dans ses bottes, entêté et mégalo.
Et que dire des récompenses remises le 20 décembre. Samuel Eto'o a été élu meilleur joueur africain de l'année et ce pour la quatrième fois. Preuve s'il en est que le foot africain est en panne de stars. Certes, au plan du talent, Eto'o n'a pas de rival sur et hors du continent mais, à l'occasion des deux compétitions majeures de 2010, la CAN et la Coupe du monde, il a été, tout comme Didier Drogba, aux abonnés absents.
Le Ghanéen Asamoah Gyan a terminé derrière Eto'o alors que lui a réussi une bonne CAN (finaliste avec le Ghana) et un bon Mondial (quart de finaliste). Et ce n'est la seule "bavure" du jury de la CAF qui a consacré l'entraîneur serbe du Ghana Milovan Rajevac mais ignoré l'Egyptien Hassen Chehata (trois victoires consécutives en Coupe des nations) et aussi le Sénégalais Lamine Ndiaye (vainqueur de la Ligue des champions et finaliste de la Coupe du monde des clubs avec le TP Mazembe). Le complexe du sorcier blanc a la vie dure.
Plus déplorable fut la pantalonade qui a consisté à octroyer le "Presidential Award" à des présidents de fédération pour "leur engagement dans le développement du football en Afrique". On a beau cherché mais on ne trouve pas trace d'une action quelconque dans ce domaine de Messieurs Mohamed Raouraoua (Algérie), Jacques Anouma (Côte d'Ivoire), Aminu Maigari (Nigeria), Iya Mohamed (Nigeria) et Kirsten Nematandani (Afrique du Sud).
Depuis son élection, Mohamed Raouraoua court frénétiquement derrière les postes et les privilèges (il postule même à un poste au sein du Comité exécutif de la Fifa!). Quant à ses projets pour le foot algérien, ce sera le jour où les poules auront des dents. Jacques Anouma et Mohamed Iya sont d'indécrottables loosers qui accumulent, depuis des années les mauvaises décisions et les erreurs faute de bien connaître le foot (voyez les performances des Eléphants ivoiriens et des Lions indomptables à la CAN et en Afrique du Sud). Quant à Kirsten Nematandani, le maigre bilan des Bafana Bafana lors du Mondial est à son passif.

mardi 7 décembre 2010

Bienheureux le Black Star!

Excellente nouvelle pour le football ghanéen : l'ancien international français Marcel Desailly retire sa candidature au poste d'entraîneur -sélectionneur du Black Star, quart de finaliste du Mondial 2010.
On se rappelle qu'à l'issue de la Coupe du monde, le Serbe Milovan Rajevac s'en est allé monnayer son savoir -faire dans les Etats pétroliers du Golfe et que la Gafa (Fédération ghanéenne de football) a lancé un appel d'offres pour lui trouver un successeur. Elle a fini par retenir cinq noms: le Serbe Goran Stevanovic, le Portuguais Humberto Coelho, le Turc Can Vanli, Marcel Desailly et l'autochtone Herbert Addo.
Desailly, déçu par les atermoiements de la GAFA, a fini par renoncer.Ouf, le Black Star l'a échappé bel! Le Français d'origine ghanéenne n'a pas de diplôme d'entraîneur et il n'a jamais dirigé de club ou d'équipe nationale. Consultant heu-reux à Canal +, il exaspère par la banalité et le conformisme de ses commentaires vides de toute émotion, le sourire commercial en sus. A gifler le consultant!

samedi 4 décembre 2010

Cheikh Joseph al-Thani et l'oligarque Blatter

A tous les incrédules qui pensaient que la Fifa était une institution respectable et respectée au service du Football, les récentes réunions de son Comité exécutif qui ont débouché sur la désignation de la Russie et du Qatar pour l'organisation des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde, ont balayé toute illusion.

* La Fifa agit, même si elle n'en a pas légalement le statut, comme une entreprise commerciale qui vend un spectacle sportif au plus offrant. Comme toute multinationale, elle a pour objectif - même s'il est inavoué - : le profit.

** La vente et la commercialisation de son produit numéro un (la Coupe du monde) implique de se conformer à toutes les pratiques du commerce international qui n'excluent ni les commissions, ni les rétro-commissions.

*** Le comité exécutif (dont tous les membres sont élus par les confédérations continentales) se comporte de fait, comme un conseil d'administration aux ordres d'un président-directeur général salarié (élu lui par le Congrès et dont le mandat est renouvelable sans limite).
****Tous les membres du CE perçoivent, chaque année, une indemnité forfaitaire de 150 000 USD et, lorsqu'ils effectuent une mission ou participent à des réunions (tous frais payés), ils ont droit, chacun, à un per diem de 500 USD (l'épouse si elle est du voyage perçoit 250 USD).
L'on comprend que remporter un siège au sein du CE de la Fifa est la garantie d'une belle situation de rente. Et qu'importe s'il faut se soumettre aux desideratas du PDG.

* Depuis le règne du Brésilien Joao Havelange, le choix du pays organisateur de la Coupe du monde est déterminé par le président de l'institution. Joseph Blatter, depuis son avènement en 1998, n'a pas boudé la tradition (à part l'accident de 2000 lorsque, suite à la défection d'un membre néo-zélandais du CE, l'Allemagne l'emporta sur l'Afrique du Sud que soutenait Blatter). Lui aussi impose ses volontés. Pour les éditions 2018 et 2022, cette règle du jeu n'a pas changé.

** En 1998, le Qatar, par l'entremise de Mohamed Bin Hammam (il préside la Confédération asiatique de football depuis août 2002), a généreusement supporté Blatter dans sa conquête de la présidence de la Fifa. L'Emirat récidiva en 2002 et aida le Valaisan à décrocher un second mandat. Blatter, c'est évident, a une dette de reconnaissance envers le Qatar. Et le "remboursement" cette dette passe par un cadeau royal à la dynastie régnante des al- Thani : la Coupe du monde!
*** Première étape de la stratégie de Blatter: l'abandon, le 29 octobre 2007, du système de rotation de la Coupe du monde. Deuxième étape : le 20 décembre 2008, alors que jusque-là, le choix du pays organisateur a lieu six ans avant la compétition, le CE décida la mise en place d'une procédure de candidature simultanée pour les Coupes du monde 2018 et 2022! "Une décision, commentera curieusement, en octobre 2010, Mohamed Bin Hammamn, dictée par des considérations commerciales et je ne l'approuve pas. On va désigner, le 2 décembre 2010, avec douze ans d'avance, le pays qui accueillera la Coupe du monde 2022. C'est un délai trop long et nous allons engager les membres du CE qui seront en place en 2016. Choisir en 2016 pour le Mondial 2022 aurait été plus juste." Et il a raison : les exigences du foot-business et les calculs électoralistes ont dicté les choix de Blatter (il se représente, en mai-juin 2011, pour un quatrième mandat de quatre ans).

****Avril 2010, Blatter s'envole pour Doha. Histoire d'obtenir la "neutralisation " de Bin Hammam qui affiche des ambitions pour la présidence de la Fifa. Il est reçu par Cheikh Mohamed Bin hamad al -Thani, le fils de l'émir du Qatar : " Je suis, proclame-t-il, fortement convaincu que la Coupe du monde doit venir au Qatar (dont la candidature sera déposée le 14 mai à Zurich)!" et d'ajouter : " Le monde arabe qui compte vingt-deux pays mérite d'accueillir le Mondial."
Au regard des statuts de la Fifa, le monde arabe n'a pas d'existence officielle. La Fifa ne reconnaît que les regroupements géographiques et elle rejette toute référence à la race, à la religion et à la langue. Blatter fait sauter le tabou et tant pis pour les statuts! Hier, la Coupe du monde à l'Afrique noire, demain aux Arabes...?
Le président de la Fifa ignore peut-être que le Maroc fait partie du monde arabe. A quatre reprises, en 1988, 1992, 2000 et 2004, ce pays avait fait acte de candidature pour l'accueil de la Coupe du monde. Il s'était heurté, à chaque fois, à l'opposition farouche de Havelange puis de Blatter. Rappelons aussi, qu'en dépit de proclamations publiques, les monarchies du Golfe n'avaient pas soutenu avec conviction la candidature du Maroc, si elles ne l'avaient pas... sabotée.
*****Comme dans tout appel d'offres, la Fifa reçoit les dossiers de candidature. Elle dépêche ensuite des missions d'évaluation dans chaque pays candidat. Le Qatar obtient la faveur d'être inspecté après le 15 septembre 2010,c'est-à-dire après le mois de Ramadan et à une période où la température est plus clémente : 44° à l'ombre!
Les rapports des missions d'inspection ont une fonction purement formelle. Les votants ne s'y réfèrent pas ou n'en tiennent pratiquement pas compte. S'ils les avaient bien étudiés, ils n'auraient pas manqué de constater la supériorité des dossiers de l'Angleterre, du tandem Espagne-Portugal, de l'Australie et des Etats-Unis. Mais, leur choix obéit à d'autres considérations.

****** Autour de Blatter, d'après les habitués, se forment, le 2 décembre, deux noyaux d'électeurs. Le premier est en faveur de la Russie pour 2018, avec les 3 membres de la Concacaf (Jack Warner, Chuck Blazer, Rafael Salguedo), les Africains Issa Hayatou et Jacques Anouma, les Européens Franz Beckenbauer, Vitalyi Mutko et Marios Lefkaritis. De 9 le nombre des pro-Russie passe à 13 ( la majorité étant de 12 voix) avec la ralliement de Junji Ogura, Chung Mong Joon, Senes Erzik et Michel Platini. L'Angleterre qui n'a recueilli que deux voix a été " punie" parce que ses médias avaient révélé des affaires de corruption à la Fifa!
Pour l'édition 2022, se joignent à Blatter, les Asiatiques Bin Hammam et Worawi Makudi, les trois Africains Hayatou, Anouma et Hani Abou Rida (le Nigérian Amos Adamu étant suspendu pour trois ans), les trois Sud-Américains (Julio Grondona, Nicolas Leoz et Ricardo Teixeira) plus les Européens Angel Maria Villar Llonga et Michel Platini, soit 11 voix contre 3 pour les Etats -Unis et une pour l'Australie! Au troisième tour, les pro-qataris seront quatorze : avec le renfort de Junji Ogura, Chung Mong Joon, Senes Erzik et Lefkaritis. Les Etats -Unis ne recueilleront que 8 voix. Cette projection des suffrages tient la route même si le vote est secret.

******* Michel Platini aurait choisi de voter pour le Qatar sous la pression de Nicolas Sarkozy qui espère l'ouverture du capital d'Areva, le numéro un mondial du nucléaire au fonds souverain du Qatar et aussi l'achat par Qatar Airways de plusieurs Airbus. Quant à Zinedine Zidane, ambassadeur de Qatar 2022, il aurait perçu un million d'euros pour trois de lobbying.

******** Commentant les résultats du "vote", Blatter, parlant de lui à la troisième personne, a dit : " Le président de la Fifa est heureux car il est question de développement de la Fifa. Nous allons vers de nouveaux pays." Reste que la Russie et le Qatar ont présenté des arguments dont un de poids : l'argent. L'Emirat devrait dépenser 100 milliards de dollars pour construire neuf stades climatisés et modulables (en juin, il fait 50 degrés à Doha) et la Russie, 13. " Nous avons, assure Vladimir Poutine, une réserve d'or, 500 milliards de dollars de devises".

* Les choix du 2 décembre ne dissipent pas les soupçons de corruption qui planent sur l'institution faîtière du ballon. Depuis belle lurette, le foot n'est plus la première préoccupation de ceux qui le gouvernent. Et toute forme d'élection au sein d'une institution sportive internationale n'échappe pas au pouvoir des forces de l'argent. Le sport-business s'en f....de la culture de l'intégrité.


mardi 30 novembre 2010

Le troisième homme

Ainsi le troisième homme auquel le journal suisse Sontag Zeitung est Issa Hayatou, l'inamovible président de la CAF. Dans un documentaire diffusé par la BBC le 30 novembre, il est accusé par le journaliste Andrew Jennings, d'avoir reçu en 1995, 100 000 francs (10 millions FCFA) de la société de marketing International Sports and Leisure (ISL). Une bagatelle par rapport aux sommes perçues, entre 1989 et 1999, par deux autres éminents membres du CE de la Fifa. Le Brésilien Ricardo Teixeira (ex-gendre de Joao Havelange) aurait bénéficié de virements via une société écran, la Sanud, d'un montant de 9,5 millions de dollars et le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la Conmebol, 730 000 dollars. Jennings a obtenu des documents internes de la société selon lesquels 175 versements illégaux représentant 100 millions de dollars et servant à corrompre plusieurs hauts responsables de la Fifa, auraient lieu entre 1989 et 1999.

Le documentaire de la BBC épingle aussi Jack Warner, vice-président de la Fifa d'avoir tenté d'acheter pour 84 240 dollars des billets pour le Mondial 2010 afin de les revendre.

ISL avait obtenu l'exclusivité" des droits de commercialisation de plusieurs Coupes du monde avant de faire faillite et d'être liquidée en 2001.

Si la Fifa a botté en touche et insisté sur le verdict du Tribunal pénal de Zoug, daté du 26 juin 2008, qui n'a reconnu coupable aucun officiel de la Fifa. Elle a fait allusion à l'affaire ISL-ISMM. Le Comité olympique international (CIO) a, par contre, décidé de diligenter une enquête sur les accusations lancées à l'encontre d'Issa Hayatou.

Bien entendu, le Camerounais se défend d'avoir reçu des pots de vin d'ISL. il affirme que les 100 000 francs reçus font partie du contrat de sponsorisation signé entre ISL et la CAF et que l'argent était destiné à la préparation du 40è anniversaire de la CAF (février 1997). Il a "la conscience tranquile".
Question : ISL a-t-elle viré les 100 000 F (environ 15 400 euros) sur le compte de la CAF ou sur celui du président Hayatou? Et dans le deuxième cas, pourquoi a-t-elle choisi cette voie indirecte?

Rappelons que :

*La CAF avait de, 1984 (sauf en 1990) à 2000, confié la commercialisation (publicité) de la Coupe d'Afrique des nations à ISL avant de tout (pub et audiovisuel) vendre au groupe de Jean-Claude Darmon - qui deviendra Sportfive -;

** En 2002, suite à la faillite d'ISL, la CAF dut créer, avec des cadres d'ISL, sa propre structure de commercialisation. L'expérience ne sera pas renouvelée;

*** Issa Hayatou a cultivé et gardé des liens privilégiés avec Jean-Marie Weber, le directeur général d'ISL. Après la liquidation d'ISL en 2001, Weber est nommé conseiller en marketing du président de la CAF avec, en plus, une charge de chef de protocole à l'occasion de la phase finale de la CAN;

**** Tous les contrats de commercialisation signés par la CAF, depuis l'avènement de Hayatou, sont ultra-confidentiels. La transparence est proscrite. ISL, le groupe Darmon puis Sportfive ont toujours remporté les appels d'offre, effectués, selon une source interne, pour la forme.

**** Devant le Tribunal pénal de Zoug, en mars 2008, Jean-Marie Weber a refusé de révéler les noms des membres de la Fifa qui auraient bénéficié des largesses d'ISL.

Après la suspension d'Amos Adamu, Amadou Diakhité et Slim Aloulou, et sa mise en cause par le documentaire de la BBC, Hayatou boucle en catastrophe l'année 2010. Pour tous les observateurs, il est touché mais pas coulé. Son sixième mandat -entamé en février 2009 - est peut être le mandat de trop.


lundi 29 novembre 2010

Boîtes postales

Alors que les pays hôtes des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde seront désignés le 2 décembre par le Comité exécutif de la Fifa (réduit à 22 membres après la suspension d'Amos Adamu et de Reynald Temari), le journal suisse Sonntag Zeitung a fait état le 28 novembre de nouvelles suspicions de corruption au sein de la Fifa.
Le journal dominical révèle l'existence d'une liste sur laquelle figurent les noms des membres de la Fifa ayant reçu des "versements de plusieurs millions ". Un résident suisse qui a eu accès à la liste affirme que des membres du Comité exécutif se cachent derrière des " boîtes postales de sociétés" figurant sur le document. Le journal précise qu'un membre connu du CIO apparaîtrait parmi ces noms.
Rappelons que sont membres du Comité olympique international :
* L'ancien président de la Fifa, Joao Havelange, depuis 1963
** Le président actuel, Joseph S. Blatter depuis 1999
** * Le vice-président Issa Hayatou depuis 2001.
L'un d'entre eux figurerait-il dans la liste du SoontagZeitung?

lundi 22 novembre 2010

Bienvenue au club

Quelle mouche a piqué Samuel Eto'o dimanche 21 novembre, au cours du match Chievo Verone - Inter Milan? A la 38è minute de la partie, le Camerounais assena, en pleine poitrine, un coup de tête au défenseur adverse Bostjan Cesar. A la manière de Zinedine Zidane lors de la finale du Mondial 2006. Si le Français en donnant un coup de tête à l'Italien Marco Materazzi avait été expulsé du terrain, le Camerounais n'a même pas été averti par l'arbitre Rocchi. Il a néanmoins récolté trois matchs de suspension et 30 000 euros d'amende, sur la foi des images de la télévision. Sans doute que Cesar a provoqué, voire même insulté Eto'o, mais la réaction de ce dernier est inexcusable.

Le meilleur footballeur africain de la décennie a donc rejoint le club de la "voyoucratie des pelouses" où il retrouve l'Ivoirien Didier Drogba, les Sénégalais El Hadji Diouf et Souleymane Diawara (un colosse taillé à coups de serpe qui ne se gêne pour écraser et malmener l'adeversaire) et le Togolais Emmanuel Adebayor et le Sé.
Pour la vedette multimillionnaire, quelle démonstration "pédagogique" à l'intention de tous ses jeunes admirateurs en Afrique et dans le monde! Son compatriote Roger Milla, le Ghanéen Abedi Pelé ou le Libérien George Weah n'ont jamais besoin de régler les comptes, sur le terrain, à coups de boule, mais sans doute que leur exemple n'a pas inspiré Eto'o. Rappelons aussi que notre goleador avait, il y a deux ans molesté un journaliste camerounais dont la production ne lui plaisait pas.
A une semaine d'intervalle, le Tunisien Ben Amor qui crache au visage d'un adversaire au cours du match Espérance - TP Mazembe et le grand Eto'o qui essuie sa tête sur le Slovène Cesar, quelle pub pour le ballon d'Afrique!

samedi 20 novembre 2010

FIFA : nettoyage au karcher ou règlement de comptes?

Le 13 octobre, au Caire, inaugurant un séminaire de techniciens africains appelés à débattre des enseignements du Mondial 2010, sa majesté Hayatou VI déclarait : " Nous avons contribué à changer l'image de l'Afrique!" Et pourtant, elle ne se doutait pas que quatre jours plus tard, le Sunday Times allait lancer une bombe qui a atteint de plein fouet la CAF.
Hayatou se souviendra amèrement de l'année 2010. Celle-ci avait commencé avec la fusillade de Cabinda et la gestion pitoyable de l'affaire togolaise dont on vous épargne les péripéties. Elle s'est poursuivie avec le fiasco sportif africain au Mondial 2010 (un seul qualifié sur six pour le deuxième tour de la compétition) puis avec la bronca du stade du 7-novembre à Radès à l'occasion de la finale-retour de la Ligue des champions, Espérance sportive de Tunis - TP Mazembe (1-6). Elle vient d'être couronnée par la dislocation de sa garde rapprochée par la Commission d'Ethique de la Fifa.

Celle-ci a prononcé, le 18 novembre, la suspension de trois fidèles du président de la CAF:

* pour trois ans :

- Amos Adamu (Nigeria), membre des Comités exécutifs de la Fifa et de la CAF;

- Amadou Diakhité (Mali), membre du Comité exécutif de la CAF et membre des commissions des arbitres de la Fifa et de la CAF;

- pour deux ans :
Slim Aloulou (Tunisie), membre coopté au Comité exécutif de la CAF et président de la Chambre de Résolution des litiges et membre de la Commission du Statut du joueur de la Fifa.

Chacun des sanctionnés devra, en outre, acquitter une amende de 10 000 francs suisses. Tous les trois pourront faire appel de la sanction, voire saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Le verdict a été mal accepté par Hayatou dont les proches (il en reste) n'hésitent pas à hurler au complot dont l'instigateur serait Joseph Blatter, le président de la Fifa!
Piégés malgré eux?
S'il est établi que nos trois "éminents" dirigeants ont été piégés ( à l'insu de leur propre gré par les journalistes du Sunday Times ?), il n'empêche pas qu'ils ont accepté de rencontrer les membres du soi-disant lobby pro-Etats - Unis et qu'ils
se sont montré disposés à coopérer moyennant un "dédommagement" dont chacun a fixé le montant. Ils ont été jugés et condamnés parce que soupçonnés fortement d'être corruptibles. Leur naïveté ou leur insouciance leur auront coûté cher et leur suspension permet aux autres membres du Comité exécutif de la Fifa de se refaire, à bon compte, une virginité morale.

Amos Adamu traîne depuis des années des casseroles dans son pays. Il a conclu en 2006 une alliance avec Hayatou qui l'a aidé à se faire élire au CE de la CAF puis, en 2006, à celui de la Fifa. Et en 2007, il le poussa à évincer l'Ivoirien Jacques Anouma et à lui ravir la présidence de l'UFOA (Union des fédérations ouest-africaines). Entre autres contreparties, Adamu, en organisant en février 2009, l'assemblée générale de la CAF à Lagos, a grandement facilité la réélection de Hayatou à la tête de la CAF.
Le Nigérian espérait conquérir un deuxième mandat de quatre au CE de la Fifa (élections prévues le 23 février à Khartoum), il doit faire son deuil. Il perd tout et il est désormais interdit de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international.

Idem pour Amadou Diakhité, bras droit et poulain de Hayatou qui le préparait pour un poste au CE de la Fifa et en avait fait un dauphin potentiel. La carrière internationale du conseiller sportif et protégé du président malien ATT a pris un coup d'arrêt. Il lui sera difficile de rebondir et de retrouver du crédit d'autant que son maître - Hayatou - pourrait quitter le pouvoir en 2013.

"Si" Slim Aloulou, "l'éminent juriste que toute la planète nous envie" est tombé de haut. Lui qui se croyait plus malin que les autres, qui donnait des leçons à tous affichant une morgue haïssable, a foncé tel un plouc dans le piège de l'équipe du Sunday Times. Et se défendre comme un petit écolier : "je ne suis pas impliqué" et "j'ai refusé de faire de la délation". On attendait mieux et plus convaincant de la part du président de la Chambre de résolution des litiges de la Fifa.
"Si" Slim perd gros : outre sa charge de "magistrat" du sport, une confortable situation de rente à la Fifa (il avait à Fifa House à Zurich, des séances pratiquement hebdomadaires). Il ne pourra plus servir de "canne blanche" à Hayatou qui l'avait coopté au CE de la CAF en 2004. Bref, le "rouleur invétéré de mécaniques" tombe bas. Il lui faudra du souffle pour remonter la pente, mais il ne dormira pas pour autant sur une natte, il dispose d'un bon matelas....
Bhamjee balance

Adamu, Diakhité, "Si" Slim mais c'est aussi l'ex-compagnon de route du trio, le Botswanais Ismael Bhamjee qui est lourdement frappé par la Commission d'Ethique de la Fifa. On se souvient qu'en 2006, Bhamjee s'était fait piégé par des journalistes...anglais auxquels, il avait accepté de revendre des billets de la Coupe du monde. Cela lui valut un carton rouge : exclu du CE de la Fifa. Hayatou lui offrit un strapontin de membre d'honneur de la CAF. On le pensait inscrit aux abonnés absents mais le voilà qui réapparaît et accepte de rencontrer l'équipe du Sunday Times. Il ne se montre pas avare en confidences. Il affirme, entre autres, qu'en 2004, le Maroc, alors candidat à l'organisation du Mondial 2010, se serait grassement assuré les voix de trois membres africains du CE de la Fifa (qui pourraient être Issa Hayatou, Slim Aloulou et Amadou Diakhité). Il dit connaître un membre du CE qui aurait reçu un million de dollars du Maroc mais, qui, en fin de compte, avait voté pour l'Afrique du Sud!

Rappelons que le 15 mai 2004, à Zurich, juste après l'annonce par Blatter du choix de l'Afrique du Sud, Hayatou, Alloulou et Diakhité n'avaient eu la courtoisie d'aller féliciter Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Ils avaient quitté précipitamment la salle sous prétexte de ne pas rater leur vol! Leur comportement avait intrigué. Et ajoutons qu'à l'époque, le Botswanais formait avec Diakhité et Aloulou la garde rapprochée de Hayatou.
D'avoir mis de la suspicion dans le choix de l'Afrique du Sud, Bhamjee a récolté la peine maximum : 4 ans de suspension. Mais depuis 2006, il est hors-jeu.
Le précédent Ganga

Ce n'est pas la première fois dans l'histoire des institutions sportives internationales que des dirigeants africains, soupçonnés de corruption, sont sanctionnés. En mars 1999, impliqués dans le scandale des Jeux d'hiver de Salt Lake City, quatre membres africains du CIO (Comité olympique international) à savoir Jean-Claude Ganga (Congo), Lamine Keita (Mali)Zein el Abdin Ahmed Abdel Guadir (Soudan) et Charles Mukora (Kenya) ont été exclus. Et deux autres, Bashir Attarabulsi (Libye) et David Sibandze (Swaziland) ont été contraints par feu Juan Antonio Samaranch, à la démission. Un sixième membre impliqué, le Camerounais René Essomba décéda, avant le verdict.
Alors, le sport africain serait-il pourri? Le nettoyage au karcher décidé par le président Blatter a-t-il pour but de donner bonne conscience à la Fifa avant le vote du 2 décembre qui décidera de l'attribution des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde? Ou bien, a-t-il pour objectif masqué d'affaiblir Issa Hayatou? Mais d'ores et déjà, l'élimination d'Adamu et de Diakhité ouvre un boulevard à Jacques Anouma (Côte d'Ivoire) et Danny Jordaan (Afrique du Sud) pour le CE de la Fifa.

lundi 15 novembre 2010

Dés- Espérance

Surclassée à Lubumbashi, lors de la finale -aller, par le TP Mazembe (5-0), L'Espérance pouvait s'en sortir la tête haute, le 13 novembre, au stade du 7-novembre, à Radès. C'était sans compter avec les choix tactiques pour le moins irrationnels de l'entraîneur Faouzi Benzerti. Ce dernier opta pour un kick and rush primaire. Dès la récupération du ballon, défenseurs et demis avaient pour consigne de "balancer" dans le paquet. Des fusées aériennes à destination de la tête chercheuse du Nigérian Michael Eneramo. Pas de construction, pas de recherche du contre-pied. Et sur les renvois adverses, on spécule sur les deuxièmes pour les re-balaner encore!
Seulement, voilà Eneramo n'est pas Drogba. Il n'en a ni les qualités physiques, ni la promptitude gestuelle et ni l'aisance technique. De l 'Ivoirien, il n'a pris que le côté négatif : coups de coude, obstructions avec le postérieur, provocations et simulation... Résultats : la pression des Sang et Or ne connut qu'une seule réussite lorsque, suite à un renvoi mal assuré des défenseurs congolais, Aful expédia un tir croisé victorieux. Trop peu payé pour l'EST qui, dans la foulée se retrouva à dix suite à l'expulsion de Ben Amor pour crachat au visage d'un adversaire.
Et pourtant, durant la première période, les hommes du Sénégalais Lamine Ndiaye frôlèrent la correctionnelle : en reculant à outrance et en défendant à l'arme blanche les bois de Robert Kidiaba, ils ont laissé du champ à l'adversaire et surtout subi. Les Espérantistes ne surent pas en profiter. A dix contre onze, leurs lacunes défensives apparurent ; des arrières lents contre des tracteurs, une couverture approximative. Durant les quinze premières minutes de la seconde période, les Congolais ont engrangé les occasions de but : cinq au total mais une seule transformée par Déo Kanda qui cloua sur place le pivot Walid Hicheri, avant de prendre en défaut Moez Ben Chérifa : 1-1.
Sur la physionomie de la seconde mi-temps, la supériorité de Mazembe était indiscutable. Des attaquants racés, vifs et rapides, des demis qui ne jouent pas à demi et des défenseurs virils, bons dans le jeu aérien et les tacles même s'ils ne relancent pas toujours bien. Du travail attend dans ce secteur Lamine Ndiaye, s'il veut que son équipe figuree bien lors de la prochaine Coupe du monde des clubs.
Quant à Faouzi Benzerti, si son équipe a encaissé 6 buts en deux matchs (plus deux joueurs expulsés), il ne peut pas esquiver sa responsabilité. Si l'Epérance a eu tout faux, ce fut parce que sa recette est éculée et que ses méthodes qui tournent en dérision toute pédagogie ont fait fait long feu. L'homme n'est pas "l'éducateur que tout le monde nous envie". Et on le sait depuis longtemps, ce n'est pas non plus un innovateur.
Si l'Espérance reste un grand club, l'équipe dirigée par Benzerti n'est pas une grande équipe. Loin, loin de ce qu'avaient été l'Académie Sang et Or des Abderrahman Ben Azzedine et plus tard, celle des Tarak Dhiab et Temime Lahzami.

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La finale -retour de la Ligue des champions d'Afrique, Espérance sportive de Tunis - Tout puissant Mazembe de Lubumbashi, disputée le 13 novembre au stade de Radès a donné lieu à quelques fâcheux dérapages.

* Vous pouvez , au nom de la liberté d'expression, critiquer sévèrement la politique et l'action du président de la CAF, Issa Hayatou, dénoncer ses prises de position, mais une fois que vous le recevez chez vous, les lois de l'hospitalité exigent de l'accueillir avec dignité et respect. Respect pour l'homme pour sa fonction.
Les supporters fanatisés de l'Espérance (EST), massés dans les tribunes de Radès, oubliant toute dignité, ont sans ménagement, houspillé Hayatou avant de l'insulter aux cris de "Hayatou corrompu!". Le haut-parleur du stade n'a pas cru devoir intervenir et appeler à la retenue. Ce fut pitoyable et honteux. Et cela en dit long sur les dérives chauvines du football tunisien.
Et pourtant, Hayatou et la CAF n'ont pas eu la main lourde vis-à-vis de l'Espérance : 65 000 dollars d'amende pour les incidents déclenchés par ses supporters incontrôlés au stade du Caire lors de la demi finale Ahly - EST et 15 000 USD de pénalité pour le comportement de l'équipe à Lubumbashi lors de la finale-aller TP Mazembe - EST (5-0). L'on sait pertinemment que les sanctions pécuniaires ne sont nullement dissuasives et qu'elles ne grèvent pas le budget des clubs riches. Hayatou saura-t-il retenir la leçon?

* Les lendemains de la finale - aller, certains joueurs de l'Espérance n'ont pas hésité à traiter publiquement l'arbitre togolais Djapoué d' "ivrogne". Lors du match - retour, non seulement, les "Sang et Or" se sont acharné à viser les tibias adverses mais ils ont "disjoncté" à l'image du défenseur Aymen Ben Amor qui, tout de suite après le but marqué par son coéquipier Harrison Aful, ne s'est pas gêné pour envoyer un crachat "Sang et Or" sur le visage d'un joueur congolais. Carton rouge mérité. "Bête et stupide" a commenté la presse locale. Question : y-a-t- il un éducateur à l'Espérance?

* Le téléspectateur lampda qui a suivi la finale-retour a été mené en bateau par les réalisateurs de la chaîne locale Canal 7. La retransmission de la finale EST-Mazembe ne soutient en rien la comparaison avec celle des matchs de la Champion's League d'Europe : nombre de caméras insuffisant, cadrages fantaisistes, rareté des gros plans...Mais surtout, escamotage de l'information. Ainsi, le réalisateur a-t-il choisi de gommer toute image défavorable à l'Espérance et d'insister sur les actions de ses joueurs : le but d'Aful fut repassé en boucle à satiété. Plus, le crachat de Ben Amor qui lui valut l'expulsion (23è) ne sera montré qu'au milieu de la seconde période! Quant aux incidents provoqués par des supporters en colère de l'EST (ils se se sont défoulé sur les sièges des tribunes), ce fut le black out!
Ajoutez-y que, sitôt le match terminé, la régie coupa la retransmission et les téléspectateurs n'ont pas eu droit à la cérémonie de remise de la Coupe!
C'est beau le fair- play télévisuel!

* Titre d'une page sportive d'un quotidien tunisois : " Il se sera battu". Vous pensez qu'il s'agit du Ghanéen Harrison Aful, le meilleur joueur de l'EST même s'il méritait un carton rouge pour l'ensemble de son oeuvre. Vous n'y êtes pas. Vous épluchez la liste des joueurs de l'EST : le nom Hamdi Meddeb n'y apparaît pas. En fait, il s'agit du président du club, absent du terrain et du stade jusqu'au de sifflet final de l'arbitre sud-africain Daniel Bennet.
Morceau choisi : On sait que Lubumbashi est un enfer avec ses flibustiers - comme l'aurait dit Dante Alighieri - dont cet arbitre corrompu " et cette chute : " Hamdi Meddeb a fait de l'Espérance une grosse cylindrée; mais celui qui est au volant la maîtrise -t-il pleinement?"