vendredi 24 septembre 2010

Africa-ASEC = 2000 spectateurs!

Le football africain des clubs est, depuis quelques années, en nette perdition. Appauvrissement de la qualité du jeu, désaffection indicible du public, aires de jeu souvent délabrées...Le récent derby abidjanais Africa - ASEC disputé le 19 septembre n'a attiré que - tenez-vous bien - 2000 spectateurs au stade Houphouët-Boigny! Une "performance"dans le genre quand on se souvient que le choc au sommet entre les deux "grands" clubs ivoiriens battait, depuis l'indépendance, les records d'affluence. Les spectateurs en avaient pour leur argent : de l'émotion, du jeu, des buts.
Las, aujourd'hui, on ne leur propose qu'un football poussif et ennuyeux et, la crise économique aidant, ils préfèrent s'asseoir devant le petit écran et suivre les matchs de Ligue des champions ou des championnats nationaux d'Europe. On ne peut les blâmer...

Tunisie : faux rebonds

Face aux dérives médiatiques entourant le football en Tunisie, les autorités sportives et les clubs devraient élaborer une stratégie de communication qui mette en valeur d’abord, et surtout, le jeu, les joueurs et les équipes. Le football est le sport numéro un en Tunisie. Avec le développement de l’espace médiatique, le championnat de football devient l’événement national le plus couvert. Avec pas moins de quatre chaînes télé et 13 stations radio entre nationales, régionales et privées, rien de ce qui concerne les clubs de près ou de loin n’échappe désormais aux journalistes, sans cesse à la recherche de l’information, du scoop et surtout du nouvelle «affaire».


Haro sur les erreurs arbitrales

Il est vrai que le niveau sportif moyen du championnat et le spectacle médiocre qu’il offre chaque semaine ne laissent pas beaucoup de choix. Il faut bien meubler des émissions radiophoniques et télévisées quotidiennes. Du coup, lors de la couverture d’un match,
Il faut dire aussi que les responsables des clubs tendent eux aussi à mettre l’accent sur les erreurs des arbitres pour occulter la faiblesse de leur club. Comme si, sur le terrain, il n’y a que l’arbitre qui se trompe, jamais les joueurs.
Et là où l’on touche le fond de la question des erreurs arbitrales, c’est lorsque, au cours de la demi-finale de la dernière Coupe de Tunisie, le commentateur télé du match s’est vu assister non pas par un ancien entraîneur ou un ex-joueur en guise d’analyste sportif, mais par un ancien arbitre, qui commentait en direct les erreurs de l’arbitre.


Les présidents des clubs super stars

Les conséquences de la sur-médiatisation créent des situations quelque peu saugrenues. D’abord, les présidents des clubs se comportent parfois comme des stars, rivalisant en cela avec les joueurs. La preuve: rares sont les personnes qui peuvent citer trois noms de joueurs évoluant au Club sportif d’Hammam-Lif, alors que tout le monde (ou presque) attend, chaque dimanche, les interventions sympathiques et par moment comiques de l’ex-président de ce club, Mongi Bhar.
Outre les présidents des clubs, ce sont les membres de la Fédération tunisienne de football (ftf) et leur président qui jouent eux aussi aux stars. Ils ont même eu droit à leurs «marionnettes» dans les émissions satiriques télévisées ou radiophoniques.
Cette dérive médiatique n’est pas sans conséquences néfastes. D’abord pour l' équipe nationale. Plus les médias se focalisent sur les imperfections du onze national, plus le public se réduit d’un matche à l’autre. Pis: le peu de supporteurs qui assistent désormais aux matches sont tellement conditionnés qu’ils se permettent de siffler la moindre faute d’un joueur avec les tristes conséquences que l’on a pu constater lors de la dernière sortie de l’équipe de Tunisie.

Théorie du complot et violence dans les gradins


Idem pour les matches du championnat. Le public ne peut plus admettre la faiblisse de son club et adhère facilement à la théorie du complot ourdi contre celui-ci par la Fédération ou d’autres instances occultes, ce qui contribue d’ailleurs à la montée de la violence sur les gradins.
Il est nécessaire voire urgent que la ftf et les clubs se mettent d’accord sur une stratégie de communication qui mette en valeur d’abord et surtout le jeu, les joueurs et les équipes. Quitte à recourir au service d’une agence spécialisée. Encore faut-il aussi que les médias jouent le jeu et adhérent à cette stratégie.

www.kapitalis.com, Tunisie, 22 septembre 2010

mercredi 22 septembre 2010

La valse des sorciers blancs

Comme il fallait s'y attendre, l'après South Africa 2010 a provoqué un départ massif des entraîneurs qui avaient dirigé les équipes africaines lors du tournoi. Les Suédois Sven Goran Eriksson et son compatriote Lagerback se sont empressé d'encaisser leurs millions et ont coupé court à leur lamentable expérience en Côte d'Ivoire et au Nigeria. Le Breton Paul Le Guen - recruté sur les conseils d'Eric Besson, ministre français de l'Immigration, a été renvoyé sans ménagement par les autorités camerounaises. En Algérie, Rabah Saadane fut à peine reconduit qu'il est limogé par un président de fédération aux abois, à la suite d'une piètre "exhibition" à Alger, face à la Tanzanie (1-1). Le Brésilien Carlos Alberto Pareira, les valises bourrées de dollars, est reparti à Rio abandonnant sans état d'âme, les Bafana Bafana sud-africains. Enfin, le Serbe Rajevac qui a encadré le Black Star du Ghana en Afrique du Sud n'a pas résisté aux pétro-dollars saoudiens et il a planté sans vergogne son équipe.

Les solutions de remplacement concoctées par des dirigeants - que le fiasco sud-africain n'a pas déstabilisés - prêtent à la consternation. L'Ivoirien Jacques Anouma s'est rabattu - austérité oblige - sur l'ancien professionnel Laurent Zahuil'inexpérience criante) et l'a promu à la tête des Eléphants. Son confrère algérien Mohamed Raouraoua a promu l'anonyme Benchikha. Le Camerounais Mohamed Iya, toujours aussi "futé", a fait recruter Javier Clemente. Le plus antipathique et le plus c...des techniciens espagnols. L'homme qui avait, au cours d'un match, traité Samuel Eto'o de "sale nègre"!!
Enfin Nigérians et Sud-africains ont préféré faire reprendre du service à des cadres locaux. Pour combien de temps?

Yaya, mercenaire à Manchester City

Il a tout gagné en Espagne et en Europe. Il a rayonné au sein d'une équipe dépositaire d'un football de poésie. Il s'est imposé comme l'un des meilleurs constructeurs du monde. Il, c'est Yaya Touré "Gnéri". Il a été formé par Jean-Marc Guillou à l'Académie mimosifcom d'Abidjan. Il a été éduqué pour l'amour du ballon, la joie de jouer. Bref, il était, au sein du F.C. Barcelone, avec Iniesta et Xavi l'un des piliers de l'équipe qui enthousiasme depuis trois ans la planète foot. Et, patatraque, le voilà, juste après le Mondial raté des Eléphants, qui fait ses valises, quitte la Catalogne et s'embarque pour l'Angleterre. Il rejoint à Manchester City, son frère Kolo. Il tourne le dos à un club mythique et au vrai football pour prendre du service au sein d'un club constitué de bric et de broc, à coup de millions de pétro-dollars, par un businessman désoeuvré du Golfe. Un club qui ne dispute pas la Ligue des champions d'Europe et qui ne décolle pas dans la Premier League.
Bref, Yaya a choisi le fric aux dépens du jeu. Il n'a pas eu la patience de regagner une place de titulaire. C'est de bonne guerre dans le monde du foot-business mais qu'il nous permette de déplorer ce "virage" qui confirme l'évolution fâcheuse de l'état d'esprit des anciens Académiciens. On les avait cru romantiques et purs. On les retrouve mercantiles et égoïstes. Tant pis pour nous.

PS - Avec Yaya, ce sont ausi Baky Koné et Aruna Dindane qui ont abandonné toute ambition sportive pour s'en aller au Qatar faire le plein de pétro-dollars. On se souvient que le Guinéen Pascal Feidouno avait quitté Saint-Etienne pour un club de Doha. S'il s'y est enrichi, il a perdu tout son football.