samedi 30 janvier 2010

Le mal algérien (1)

Mohamed Raouraoua, président de la Fédération algérienne de football (FAF) ne décolère pas après la défaite de son équipe, en demi-finale de la CAN 2010, face à l'Egypte (0-4). Comme tous les envoyés spéciaux algériens, il juge, condamne et exécute l'arbitre béninois Coffi Codjia qui aurait "assassiné" les Fennecs. "Si Mohamed" oublie :
* la qualification de l'Algérie pour les quarts de finale aux dépens du Mali acquise par la grâce d'un règlement qui bafoue l'éthique du football; règlement qu'il a d'ailleurs voté le 9 septembre;
* le comportement profondément anti-sportif de l'équipe d'Algérie face à l'Angola qui frisait l'arrangement : une fâcheuse "complicité" entre les deux équipes pour geler le match au détriment du Mali
* le but d'égalisation parfaitement valable refusé par l'arbitre seychellois Maillet à Kolo Touré, lors du quart de finale, Côte d'Ivoire - Algérie (2-3)...
Si Mohamed a estimé que "la rencontre a été totalement faussée par un arbitre irresponsable et presque incompétent, il a tué le match au bout de trente minutes." Il annonce qu'il réclamera des sanctions contre Coffi Codjia.
Seulement voilà, M.Raouraoua est membre du Comité exécutif de la CAF où il ne représente pas son pays mais toute l'Afrique. Il connaît bien tous les membres de la commission d'Arbitrage de la CAF et sait parfaitement qui choisit et désigne les arbitres. Il est au parfum.
Par ailleurs, ce dirigeant qui préside de l'Union nord-africaine de football (UNAF), est vice-président de l'Union arabe de football et membre, à la FIFA, des commissions d'organisation de la Coupe du monde 2010 et des questions juridiques (on ne savait pas qu'il était juriste!) ne devrait-il pas s'imposer de la réserve au lieu de se comporter en supporteur zélé?

Le mal malien

Il n'y a pas que les dirigeants de la FIF pour "disjoncter" après l'élimination de leur équipe à la CAN 2010, ceux de la Fédération malienne "élus" en juillet dernier, adoubés par le président ATT et "conseillés" par son protégé Amadou Diakité, méritent à leur tour une citrouille d'honneur. Leur protestation ridicule après le match Angola - Algérie n'avait que pour but que de camoufler leurs erreurs : n'auraient-ils fait mieux de dénoncer un règlement absurde qui a privé leur équipe ( 3 points, 7 buts marqués et 5 encaissés, goal différence + 2) d'une qualification "offerte" à l'Algérie (4 points, 1 but marqué, 3 encaissés, goal différence -2). Pour calmer les supporteurs mécontents, ils ont trouvé les boucs émissaires : Stephen Keshi et le staff médical des Aigles!! La-men-ta-ble....
Avant son limogeage, Keshi s'est confié à l'envoyé spécial du quotidien l'Essor. Extraits.

Quel bilan du parcours des Aigles à la CAN 2010?
Je suis un peu déçu. Lors de notre premier match contre l’Angola, nous avons mal commencé la rencontre. Nous avons pris quatre buts après seulement une heure de jeu, ce qui ne m’était jamais arrivé dans ma carrière d’entraîneur. Après l’équipe a bien réagi en remontant quatre buts en 11 minutes. C’était incroyable, personne ne pouvait imaginer un tel scénario. J’étais très content de la réaction de l’équipe et ce résultat m’a donné beaucoup d’espoir pour la suite des événements. Mais contre toute attente, on a perdu contre l’Algérie lors de notre deuxième sortie.

Justement, qu’est-ce qui n’a pas marché contre l’Algérie ?
C’est simple : lors de ce match, on est complètement passé à côté du sujet. Je n’ai pas reconnu mon équipe, rien n’a marché et le résultat était juste. On me reproche d’avoir remanié l’équipe en intégrant quatre nouveaux éléments (Moustapha Yattabaré, Ténéman N’Diaye, Soumbeyla Diakité et Abdoulaye Maïga, ndlr). C’est normal parce qu’on a exercé toutes sortes pressions sur moi avant ce match. À l’hôtel, des responsables de la Fédération ont même menacé de me tuer si je reconduisais la même équipe.

Qui sont ces responsables ?
C’est toute la délégation, y compris vous les journalistes. On m’a traité de tout. À deux heures du matin, j’ai reçu des coups de fil anonymes de Bamako. Certains menaçaient de me tuer au retour au Mali, tandis que d’autres juraient de mettre le feu à la famille du gardien de but Mahamadou Sidibé. Je n’ai vu ça nulle part dans ma carrière d’entraîneur. Pourquoi autant d’ingratitude et de haine à l’endroit de Maha qui a tant donné au pays ?

C’est donc sous la pression que vous avez intégré quatre nouveaux éléments lors du deuxième match ?
Que voulez-vous que je fasse quand tout le monde se croit entraîneur et quand des responsables de la fédération menacent de me tuer si je n’aligne pas tel et tel joueur ? C’est l’équipe des Maliens qui a joué contre l’Algérie et non celle de Stephen Keshi. Tous les joueurs qui ont participé à ce match, ont été imposés par les supporters et les responsables de la fédération et tout le monde a vu le résultat. Je comprends maintenant pourquoi le Mali a utilisé une dizaine d’entraîneurs en si peu de temps. Franchement, c’est impossible de travailler au Mali.

Vous n’avez donc pas envie de continuer ?
Ce n’est pas çà. J’ai vécu une bonne expérience avec les joueurs et je n’ai jamais eu de problèmes à ce niveau. Moi, je veux bien continuer avec les jeunes qui sont pétris de talent et qui ont envie de réaliser quelque chose ensemble. Mon problème, c’est l’environnement de l’équipe, il y a eu trop de problèmes avec les responsables et je ne peux pas continuer à travailler dans ces conditions parce que les résultats seraient toujours les mêmes. Si je dois continuer, il faudra qu’on définisse clairement les rôles et qu’on me laisse faire tout mon travail de technicien.


Souleymane Bobo Tounkara

vendredi 29 janvier 2010

Le mal ivoirien (3)

Sur la RTI (Radio télévision ivoirienne), on a eu droit, jeudi 28 janvier, à une interview de Jacques Bernard Anouma, président de la FIF. Maître Jacques a vite embouché la trompette des joueurs « infâmes », « trop payés » et « fainéants » qui ne mouillent pas leur maillot. Après avoir décrété que « la Côte d'Ivoire fait partie des trois meilleures équipes du monde », il s’en est pris aux « seigneurs » [« il y a trop de seigneurs » (sic)] qui viennent parader sans se donner à fond". Lui qui leur avait ordonné avant le match Côte d'Ivoire - Ghana de " se battre même s'il faut quitter le terrain sur une civière! " Puis il ajouta que « ça ne peut pas continuer. Il faut que ça change. Il y a trop de décalage entre leur rendement en Europe, dans leurs clubs qui les paient et leur comportement en équipe nationale. Il faut que les seigneurs quittent la sélection. » Vivement qu'il chausse les crampons, Mâtre Jacques, ça va saigner!
Il annonça que le changement concerne tout le monde : l’encadrement technique, la fédération et bien sûr les joueurs.
Rassurez-vous, notre procureur garde son poste et conserve sa situation de rente.

Le mal ivoirien (2)

Interrogé par le quotidien ivoirien Fraternité Matin, Jean-Marc Guillou reproduit sur le site www.academiejmg.com l'intégralité de cette interview, avec en plus une mise au point concernant une rumeur que veulent faire courir les dirigeants de la Fédération ivoirienne de football (FIF) pour masquer leur indigence et fuir leur responsabilité dans l’échec des Eléphants à Cabinda.

Comment expliquez- vous l'élimination prématurée des Eléphants?
Elle est malheureusement logique. Nous l’avions prévue, même si nous pouvions espérer que les qualités individuelles de certains éléments qui composent l’équipe puissent nous faire mentir. Elle est due à un jeu collectif déficient et totalement inconsistant : à savoir sans aucune organisation en phase défensive et sans, en période offensive, permettre la maîtrise du jeu offensive parce que trop épisodique et de fait, très insuffisant.

Les choix de l'entraîneur Vahid Halilhodzic sont-ils en cause?
Depuis son entrée en fonction en 2008, Vahid n'a jamais su construire une équipe et, plus est, constituer un groupe capable, d'avoir aussi bien en phase offensive qu'en phase défensive, la maîtrise du jeu. Il dispose des joueurs qu’il faut, mais il a négligé l'importance, un : de la qualité du milieu de terrain et deux : de l'animation collective de l'équipe lors de la phase défensive. Ses choix n'étant pas dictés par ces nécessités et n'obéissant pas à une vraie logique, ont été forcément incohérents donc contestables.

Qui proposerez-vous comme successeur à Vahid qui semble sur le départ?
Quelqu'un capable de bien faire évoluer tous ces bons joueurs en équipe capable notamment de s’assurer la maîtrise du jeu . M mais pour cela il faut avoir le mode d'emploi. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est la maîtrise du jeu, qu'ils regardent jouer l'équipe de Barcelone.
Concernant le départ de Vahid, si vous laissez en place celui qui va choisir son remplaçant et qui ne connaît rien en la matière, changer d'entraîneur, ne sera probablement pas suffisant.

Espérez-vous encore quelque chose de la génération des Didier Drogba, Kolo, Aruna?
Elle devrait avoir gagné au moins deux CAN si ce n'est trois, et avoir l'ambition de rivaliser avec les meilleures équipes au niveau mondial. On en est loin. Ce qui était une réalité n'est même plus un espoir à quatre mois de la prochaine Coupe du monde.

Que pensez-vous du cas du président de la FIF, Jacques Anouma? Certains affirment que tout ce qui l’intéresse, c’est l'argent et non l'intérêt du football ivoirien.
Depuis qu'il dirige le football ivoirien, je ne trouve pas trace d'un projet sportif voire même d'une décision pouvant réellement servir l'intérêt du football et particulièrement l'intérêt du football ivoirien. Aujourd'hui, Anouma « tire » sa réputation des qualifications, en 2005 et 2009, de l'Équipe nationale au Mondial, mais les vrais mérites de cette réussite, bien minimale au regard du potentiel joueurs de la sélection, ne lui reviennent en aucune façon. Il tire profit d'une bonne génération sortie en grande partie de l'Académie Mimosifcom que nous avons créée et dirigée à Sol Béni.
En revanche, il porte la responsabilité des échecs répétés de cette génération depuis dix ans. Sa volonté de se maintenir en place en dépit de son bilan négatif est uniquement motivée par un intérêt personnel. Il y a un étroit rapport entre l'élimination de l'Équipe nationale et la compétence du président de la Fédération. Evidemment, celui-ci va tenter de faire croire à tout le monde que les échecs sont imputables aux joueurs! Pour les hauts responsables politiques qui ont fait beaucoup d'efforts afin que cette campagne soit couronnée de succès et pour tous les Ivoiriens amoureux du football, c'est une cruelle désillusion.

Quel avenir pour le football ivoirien après l'échec d’Angola 2010?
Cette génération a perdu beaucoup de temps et de titres. Songez qu'en 1999, une équipe de jeunes Académiciens de moins de 18 ans de moyenne d'âge remportait la Supercoupe d'Afrique face à une formation de valeur internationale, l’Espérance sportive de Tunis (3-1).
Sur ce que je perçois, le football ivoirien a encore quelques quatre à cinq belles années pour profiter de cette génération de joueurs exceptionnels. C'est-à-dire une à deux Coupes du monde et deux à trois CAN. Il n'y a plus de temps à perdre.

Mise au point de Jean-Marc Guillou
Aux dernières nouvelles d'Abidjan, la rumeur que ferait courir les dirigeants de la FIF pour cacher leur incompétence, serait de désigner les joueurs internationaux de l'Académie comme responsables de la débâcle en Angola parce que Jean-Marc Guillou leur aurait demandé de lever le pied !Nous ne sommes pas étonnés par leur incohérence. En effet, d'une part, nous n'avons aucun intérêt à ce qu'une équipe composée au minimum de sept Académiciens joue aussi mal pour au moins deux raisons :
- Quand la Côte d'Ivoire gagne, c'est nous qui gagnons!
- La philosophie de l'Académie exclut le mensonge, la tricherie et le vol.
C'est pourquoi, nous sommes atterrés par l'incompétence et la malhonnêteté qui existent au niveau de cette Équipe nationale. D'autre part, quel intérêt auraient les joueurs de participer à une telle compétition avec comme ordre de ne pas jouer ? Comment expliquer le but de Kolo face à l'Algérie–refusé à tort par l’arbitre - dans les dernières minutes de la prolongation s'il avait décidé de lever le pied?
Bref, une accusation qui ne tient pas debout à l’image de leur stratégie de jeu. C'est pourquoi aussi, plutôt que de demander aux Académiciens de devenir des tricheurs, ce que nous ne ferons jamais, nous leur demandons aujourd'hui officiellement, de se conduire comme des footballeurs libres et responsables, c'est-à-dire de nettoyer l'environnement de l'Equipe nationale cette malhonnêteté et cette incompétence ou à défaut de ne pas y participer. Serons-nous entendus et obéis ? Rien n'est moins sûr. Car l'homme en général qu'il soit africain ou non, a souvent du mal à percevoir son intérêt quand il n'est pas immédiat.




jeudi 28 janvier 2010

Le mal ivoirien (1)

Les Eléphants de Côte d’Ivoire, favoris de la 27è Coupe d’Afrique des nations (Angola, 10 au 31 janvier) ont quitté la compétition dès les quarts de finale, éliminés par l’Algérie (3-2). Un échec qui a traumatisé les millions de supporteurs ivoiriens. Un échec qu’avait, dès le mois d’octobre, prédit le technicien français, Jean-Marc Guillou qui, de 1994 à 2001, avait formé à l’Académie Mimosifcom de Sol Béni, plus de 80% des titulaires de la sélection.

La Côte d'Ivoire sera présente au Mondial 2010. Quel commentaire ?
Cela m'apparaît tout à fait normal que la Côte d'Ivoire soit qualifiée pour le prochain Mondial. D'une part, il y a suffisamment de talents pour atteindre cet objectif et d'autre part, le groupe de qualification était assez facile.

Qu'est-ce qui a fait la différence pour les Eléphants dans le groupe E des éliminatoires?
La différence s’est faite essentiellement sur les qualités individuelles des joueurs. En effet, le jeu collectif a été réduit à la portion congrue.

Les Ivoiriens participeront à leur deuxième Coupe du monde en Afrique du Sud. Qu'en penser ?Ils devront se qualifier encore pour 2014, après ce sera probablement le début d'une grande éclipse.

Au Mondial 2006, la Côte d'Ivoire n'avait pas franchi le premier tour. Pourquoi ?
Il est rare que dès la première Coupe du monde, une équipe réalise des exploits. Exceptionnellement, une équipe ivoirienne bien constituée, bien managée aurait eu largement les moyens de se retrouver dans le dernier carré.

Quatre ans après, le groupe est-il aguerri pour attaquer le Mondial Sud-africain ?
Normalement, cette génération de joueurs ivoiriens aurait dû gagner déjà deux Coupes d'Afrique. Elle devrait aller en Afrique du Sud avec plein d'ambition. En réalité, j'ai plutôt le sentiment que le jeu collectif se détériore au gré des entraîneurs qui passent. Ces derniers, non seulement n'apportent rien, mais ils entravent l'évolution de ce groupe par des choix techniques et tactiques douteux.

Les chances des Eléphants à la Coupe du monde 2010 ?
Si les choses restent en l'état, je ne la vois pas passer le premier tour, ni même gagner la Coupe d'Afrique en Angola.

Parmi les Eléphants qui disputeront le Mondial, 7 à 8 Académiciens figureront dans le onze type ivoirien….
Ils devraient être 9 ou 10. Certains joueurs tels que Yapi, ou Diaki et même Junior devraient être dans le groupe car le milieu de terrain comme il est composé, n'est pas équilibré et ne permet pas à l'équipe de prendre vraiment le jeu à son compte. Et les trois sont de très bons milieux.

Au début de votre aventure à l'Académie MimoSifcom, vous aviez prédit que les Académiciens allaient disputer les Jeux olympiques et la Coupe du monde. C'est désormais chose faite.
D'où vous tiriez-vous cette assurance ?
C’était évident pour quelqu'un qui connaît vraiment le football. Comme il est évident que, dans 6 à 8 ans, la Côte d'Ivoire ne comptera plus pour grand’ chose sur l'échiquier du football africain et, à plus forte raison au niveau du football mondial. Je peux prédire aussi pour les mêmes raisons que dans le même intervalle de temps, des nations comme l'Algérie, le Mali, l'Egypte ou le Ghana, vont commencer à dominer sérieusement le football africain. Et cet état de fait va s'aggraver dans les années à venir.

Vous êtes vraiment à l’origine des succès du football ivoirien ?
Quand on a dirigé la formation de 80% des titulaires de l’équipe nationale (on aurait espéré 90 voire 100% car, même sans Drogba, l'équipe demeurerait très bonne), on est forcément responsable de leur réussite que ce soit en club, ou en sélection. Je suis toutefois convaincu que l’équipe sera meilleure dans les dernières années, lorsque certains des cadres académiciens auront acquis suffisamment de maturité pour s'affranchir des responsables qui les entourent, que ce soient des techniciens ou des dirigeants. Et surtout si Drogba n'est plus là car devenu un peu âgé.

Que penser des entraîneurs qui, de puis 2005, se sont succédé à la tête des Eléphants ?
Une belle galerie d'incompétents chaperonnés par des dirigeants n'y connaissent rien du tout.

Un mot sur l'actuel coach de la sélection ivoirienne, Vahid Halilhodzic.
Dans le peloton d’incompétents recrutés par le président de la Fédération, Jacques Anouma il arrive en tête. Avant lui, l’Allemand Stielike avait fait aussi très fort dans la… bêtise.

Comment jugez-vous la gestion de l'équipe par Vahid ?
Mauvaise. Il se plaît à répéter aux joueurs qu'ils n'ont rien gagné, leur donne des consignes et organise son équipe en n'ayant aucune envie qu’elle maîtrise le jeu. Quand on sait que le travail principal d'un entraîneur est de mettre son groupe en confiance et que celle-ci s'acquiert par des bonnes performances (alliant le résultat et la manière) mais aussi qu'elle se communique à un groupe par l’entourage, Halihodzic est complètement à côté de la plaque.

Le niveau actuel du football ivoirien ?
L'analyse est simple mais dramatique. Le football, au niveau local n'intéresse plus personne. Seule l'équipe Nationale A, attirée du monde au point que des petits malins veulent en tirer profit à tout prix même à celui de la vie des supporteurs. Certains pensent qu'avec le professionnalisme, le niveau pourra s'améliorer. C'est un leurre, ce n'est pas un statut qui peut faire grand-chose. Ce sont des hommes compétents, courageux et qui vont au bout de leurs idées. Aucun dirigeant ivoirien parmi tous ceux que je connais, ne possède ne serait ce que deux de ces qualités.

Satisfait de l'utilisation des Académiciens dans les différentes sélections ivoiriennes ?
Non, ils sont très mal utilisés. Cela provient certainement du litige qui m’oppose au président de l’ASEC, Roger Ouégnin. Et Jacques Anouma, par opportunisme politique, a pris son parti. En 1999, avec des jeunes joueurs d'à peine 18 ans de moyenne d'âge, nous avions remporté la Supercoupe d’Afrique des clubs après une démonstration de jeu collectif. Dix ans plus tard, qu'on fait les dirigeants ivoiriens d'une génération qui, entretemps, a été renforcée par les Académiciens des promotions 2 et 3 comme Eboué, Yaya Touré, Arthur Boka, Kalunho, Gervinho: rien hormis deux qualifications pour la Coupe du monde dont l'une, la première, a été très chanceuse.

Que devient Jean-Marc Guillou après son départ, en 2001, d'Abidjan ?
Je suis en pleine forme et toujours aussi passionné par le football. J'ai beaucoup travaillé depuis 2001. J'ai, en Belgique, mené à bien un projet très difficile en ayant pris la direction d'un club condamné au dépôt de bilan. Je l'ai fait pour promouvoir le plus possible de joueurs formés à l’Académie, et aussi pour me sortir d'une situation délicate. Je savais depuis l’an 2000 que Roger Ouégnin ne respecterait pas notre contrat et il fallait me dégager de ce piège pour espérer avoir quelques retours sur un travail de dix ans. Bref, au terme d’un joint-venture (2006), Beveren était redevenu sain financièrement, beaucoup d'Académiciens ont été promus et j'ai ouvert, en 2005, une nouvelle structure de formation en Thaïlande en 2005. Depuis mon départ, Beveren est redescendu en seconde division et le club est à nouveau très endetté. Depuis 2006, la société que j'ai créée en l’an 2000 a ouvert six autres structures dont une à Bamako qu'elle finance à 80%. Je ne manque pas de projets.

Votre rupture d’avec Roger Ouégnin, un gâchis pour le football ivoirien ?
Oui, mais aussi pour cette génération d’Académiciens qui aurait du être un candidat potentiel au titre mondial. Pourquoi aviez-vous quitté Sol Béni ?Ce serait trop long. J'ai perdu beaucoup d'argent. Mais celui qui a perdu le plus, c'est Roger Ouégnin. S'il m'avait écouté, il serait en passe de postuler à la présidence de la FIFA ! Il restera président d'un club du niveau de CFA en France. Ce litige n'est toujours pas définitivement réglé. J'ai proposé plusieurs fois à mon adversaire de porter l'ensemble du dossier devant le Tribunal arbitral du Sport à Lausanne. Mais je comprends qu'il appréhende cette démarche et la refuse, car il sait qui de nous deux, est le voleur.
Quelle comparaison faites-vous des différentes promotions des Académiciens ivoiriens ?
La "Johan" et la "Armando" sont quasi équivalentes. La promo 3 est un peu moins forte. Je m'en étais moins occupée mais certainement qu'elle recélait moins de talents.

Certains Académiciens d'Abidjan comme e Zézéto, Joss, Badjan, Junior, Tony, Patceco, Gyapi, Né Marco et Arsène... n'ont pas connu une carrière à la dimension de leur talent ?
L'échec relatif de certains Académiciens est à trois facteurs : leur manque de puissance physique, leur faiblesse au niveau mental mais aussi à l'incompétence quasi générale des entraîneurs professionnels d'Europe.

Quels sont vos rapports avec les Académiciens ?
Bons, voire très bons bien que parfois éloignés dans la distance et le temps. Ils gardent tous un très bon souvenir des moments passés ensemble à Abidjan, pour moi c'est le cas.
Que pensez-vous du niveau atteint par Yaya Touré ?Cela ne m'étonne pas. Je l'ai vite retiré de l'ASEC avant qu'ils ne l'abîment. Il a fait partie des premiers arrivés à Beveren. C'est en grande partie grâce à lui que nous avons réussi le projet Beveren. Je pense qu'il peut encore en faire plus notamment au niveau de l'Équipe nationale ivoirienne si elle se décidait à jouer au football.

Et les blessures à répétition de Baky Koné?
C'est un mauvais passage. Les attaquants sont les plus exposés aux coups. Tant que la FIFA refusera l'arbitrage vidéo, les petits attaquants seront pénalisés. Les arbitres dans le système actuel sont dépassés et probablement tous sous influence, pour ne pas dire plus. Il est grand temps de faire évoluer l'arbitrage.
Quels sont vos projets ?
J'en ai beaucoup. Mais parmi eux, l'un me tient particulièrement à cœur, celui de défendre un certain football quitte à me faire des ennemis parmi les responsables d'institutions qui ne font pas grand-chose pour que le football soit plus juste, plus transparent, et surtout plus beau...

Propos recueillis par Martial Gohourou, Fraternité Matin, Abidjan.

lundi 4 janvier 2010

Welcome to South Africa 2010 (8) : quatre mariages et un ....

Le président sud-africain épouse ce lundi Stacey Thobeka Mabhija, de trente ans sa cadette. La presse n’est pas invitée...
Le président sud-africain
Jacob Zuma épouse lundi 4 janvier Stacey Thobeka Mabhija, 37 ans, avec qui il a déjà trois enfants. La cérémonie de mariage traditionnelle devait commencer à 06H00 du matin dans la province natale du président, le KwaZulu-Natal, selon le quotidien local The Sunday Times.
Les médias doivent se tenir à l'écart des noces, a déclaré dimanche la présidence sud-africaine, qui démentait encore il y a peu l'approche de l'union. Ces noces sont « une cérémonie familiale privée », a-t-elle indiqué dans un communiqué, cité par l'agence de presse SAPA.
Le leader zoulou, âgé de 68 ans, serait le père de quelque 22 enfants. Il s’est marié
quatre fois - sa première femme étant Gertrude Sizakele Khumalo, rencontrée en 1959 - et a divorcé deux fois.
Jusqu'à ce lundi, le tribun de l'ANC (au pouvoir) entretenait deux fiancées, dont Stacey Thobeka Mabhija, ainsi que plusieurs maîtresses… « De nombreux politiciens prétendent être monogames alors qu’ils cachent des maîtresses et des enfants. Moi, je préfère la transparence… »,

se félicite-t-il.
Depuis début 2008, les médias sud-africains avancent que Jacob Zuma pourrait épouser une sixième femme : Bongi Ngema. De quoi alimenter la polémique sur sa polygamie - tradition autorisée chez les Zoulous mais aussi par la constitution sud-africaine.

(Les agences de presse)

vendredi 1 janvier 2010

Welcome to South Africa 2010 (7) : feu vert pour les vuvuzelas

AFP- 31/12/2009
Alors que le président Jacob Zuma appelle ses compatriotes à se mobiliser pour la réussite du Mondial 2010, prévu dans moins de six mois, quelques questions importantes se posent sur l'organisation de cet événement capital pour l'économie sud-africaine.
. Le pays sera-t-il sûr ?
Le trophée de la Coupe du monde est arrivé symboliquement au Cap le 1er décembre et Danny Jordaan, président du comité d'organisation du Mondial, y a vu "la mort des doutes". La police sud-africaine s'est ensuite félicitée d'un tirage au sort sans accroc dans cette même ville trois jours plus tard. Mais le Cap n'a pas la dangerosité de certains quartiers de Johannesburg et un tirage au sort n'a rien à voir avec l'organisation d'un tournoi à 32 équipes. La première puissance économique du continent aura du mal à faire oublier une cinquantaine de meurtres par jour. L'Afrique du Sud est toutefois passée aux actes: Un budget de 100 millions d'euros a été alloué aux forces de sécurité, qui ont multiplié les formations avec les polices européennes.
. Transports et logement: faut-il craindre une flambée des prix ?
Le ministère du tourisme a répété que les quelque 450. 000 supporteurs attendus n'avaient plus de souci à se faire pour le logement: "Plus de 202. 000 chambres sont disponibles dans le pays, ce qui devrait être amplement suffisant". Mais une flambée des prix est redoutée. "Les prix vont certainement augmenter, tout le monde cherche à faire du profit", reconnaît Errol Heynes, responsable du comité d'organisation du Mondial pour le site de Port Elizabeth, sur la côte sud. Logement et transport sont liés. Les hôtels sont souvent concentrés dans les grandes agglomérations, loin de certains sites comme Polokwane (nord). Et sur certaines lignes, les prix des billets d'avion ont déjà été multipliés par six pour la période du Mondial (11 juin-11 juillet).
. Les stades seront-ils prêts ?
En lançant fièrement que les stades étaient achevés le 2 décembre, M. Jordaan s'est un peu avancé. Il faut distinguer les bons élèves, comme le site de Nelson Mandela Bay/Port Elizabeth au sud et son enceinte sportive, surnommée le "Tournesol" pour sa forme vue du ciel, opérationnelle dès juin de cette année. En revanche, à Nelspruit, au nord-est, les pelleteuses étaient encore en action à la mi-décembre sur ce qui doit devenir la pelouse du stade Mbombela, attendue en février. Mais l'avenir des stades laisse perplexe. Les sites de Nelspruit et Polokwane (nord), avec 45. 000 places chacun, loin des grands centres urbains, risquent bien de devenir des coquilles vides après le Mondial.
. Quelle sera l'ambiance ?
Le président de la Fifa l'a répété: pas question d'interdire les vuvuzelas, ces trompettes locales dont le bourdonnement assourdissant a surpris pendant la Coupe des Confédérations. L'ambiance est donc garantie. Mais les stades seront-ils toujours pleins ? Cette donnée dépendra d'abord des résultats des Bafana Bafana, sélection sud-africaine aux résultats peu glorieux (87e nation au dernier classement Fifa) qui vient de changer d'entraîneur (Carlos Alberto Parreira à la place de Joel Santana). "L'Afrique du Sud ne doit pas être le premier pays hôte à être éliminé au premier tour", martèle sans cesse M. Jordaan. Tombés dans le groupe A avec la France, le Mexique et l'Uruguay, les Sud-Africains ne pavoisent pas. Si les Bafana Bafana ne dépassent pas la phase de poule, leurs supporters se reporteront derrière les autres équipes africaines. Mais la Côte d'Ivoire, porteuse d'espoirs, a été versée dans un groupe de la mort (Brésil, Portugal, Corée du Nord).