dimanche 22 novembre 2009

Faire le métier ...

Stéphane Mandard écrit dans Le Monde du 22 novembre, sous le titre " Football : ce que ne dit pas l'affaire Thierry Henry" : " Il y avait le coup de tête de Zidane. Il y aura désormais la main d'Henry. A l'instar du fameux coup de boule du capitaine de l'équipe de France à l'encontre du défenseur italien Marco Materazzi en finale de la Coupe du monde 2006, la faute de main grossière de son successeur, qui a permis aux Bleus d'arracher leur qualification pour le Mondial 2010 aux dépens de l'Eire, a déclenché une vague de commentaires médiatico-politiques et de discussions de comptoir comme seul le football sait en créer."

"(....) A-t-on déjà vu un joueur venir s'excuser auprès de l'homme en noir après avoir simulé une faute dans la surface de réparation pour obtenir un penalty ou après avoir marqué un but sur une position de hors-jeu? La décision de la FIFA de ne pas faire rejouer France-Irlande confirme en quelque sorte que, dans le football, la tricherie est institutionnalisée."

" N'en déplaise à Rama Yade, Thierry Henry a bien triché. C'est déplorable. Mais ce qui est le plus navrant dans cette affaire, et qui n'a suscité aucun cri d'orfraie, c'est qu'en propulsant les Bleus en Afrique du Sud avec sa main, leur capitaine a, comme on dit dans le milieu, simplement fait le métier. Dans le milieu du foot, , c'est faire une faute au milieu du terrain pour briser l'élan de l'équipe adverse, retenir un joueur par le maillot sur un corner pour l'empêcher de prendre un ballon de la tête, s'écrouler dans la surface pour obtenir un penalty ou encore susurrer des mots doux à l'oreille de son adversaire pour lui faire perdre ses nerfs et qu'il écope d'un carton.

Pourquoi s'échiner à invoquer le fameux esprit du fair-play et à vouloir parer de vertus un sport où les vices sont tolérés voire encouragés? S'il faut trouver une utilité à l'"affaire Henry", c'est que cette main, vue par des millions de téléspectateurs, devrait rappeler à tous ceux qui ne veulent pas le voir, que le football, joyeux divertissement, a une face plus sombre. Car que trouve-t-on si on fouille un peu dans les coulisses de ce show médiatique? Des histoires de dopage, de corruption de joueurs ou d'arbitres, de matchs achetés, de transferts frauduleux, d'insultes racistes ou homophone, de débordements de violence sur le terrain comme en tribune".

" (...) Redéfinir un sport à valeur éducative qui échapperait aux lois de la compétition et du spectacle? Pourquoi pas? Mais il faudrait commencer par arrêter de magnifier des jeunes gens qui shootent dans un ballon et l'attrapent parfois de la main."


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