samedi 21 mai 2011

Ces journalistes, ces galeux....

Pas plus que celle de la femme de Cesar, la vertu d'Issa Hayatou (et celle de Jacques Anouma) ne peut être soupçonnée. Pour avoir lancé une accusation de corruption envers les deux membres africains du comité exécutif de la Fifa, le journal britannique Sunday Times a suscité une réaction outrée du président de la CAF.
Le Sunday Times (qui avait, en novembre, épinglé Amos Adamu, Amadou Diakité et Slim Aloulou) n'a fait que reprendre une déclaration du député britannique Damian Collins. Celui-ci affirme que "1, 5 million de dollars ont été payés aux membres du CE de la Fifa Issa Hayatou et Jacques Anouma qui ont voté pour l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar". Un intermédiaire d'origine guinéenne, dénommé Amadou Diallo, aurait été utilisé pour s'assurer des voix des votants africains.
Crime de lèse-majesté que ces révélations? La furieuse paranoïa d'un président au long cours (il règne depuis ...1988) ne connaît plus, cette fois de limites. Hayatou "ne saurait, clame-t-il, laisser des journalistes dont le travail consiste à vendre du faux, porter atteinte à sa personne et à son leadership, où intégrité et transparence font partie de ses valeurs et principes".
Bien entendu,tant que les accusations de D. Collins ne sont pas étayées par des preuves, Hayatou et Anouma bénéficient de la présomption d'innocence. Mais, dans sa rage de défendre sa vertu, le Camerounais s'emmêle les crayons. Dans le cadre de la campagne des pays candidats à l'organisation des Coupes du monde 018 et 2022, le Comité de candidature de Qatar 2022 avait fait une offre pour sponsoriser l'Assemblée générale de la CAF pour un montant de 1,8 million de dollars. Hayatou et son comité exécutif aux ordres acceptent la transaction. L'AG tenue le 8 janvier 2010 à Luanda est "vendue" au Qatar. Une exclusivité qui a interdit aux autres candidats de présenter leurs dossiers.

L'opération est-elle moralement et politiquement irréprochable? Que nenni! D'abord, au vu de ses réserves financières, la CAF ne manquait pas de moyens pour financer l'organisation de son AG. Elle le fait depuis sa création. Ensuite, imagine-t-on l'Uefa, la Conmebol ou l'AFC "vendre" leurs assemblées à des sponsors? Enfin, et c'est le plus grave : en entérinant l'offre du Qatar, Hayatou a, de fait, hypothéqué les voix des quatre membres africains du CE de la Fifa. Il s'est ligoté et a ligoté ses pairs qui ne pouvaient que voter pour le Qatar. En toute logique et par obligation de transparence, la Fifa aurait dû annuler, le 1er décembre, les votes de MM. Hayatou, Hani Reda et Anouma au nom du principe statutaire du secret du scrutin!

Elle ne l'a pas fait. Alors quand, Hayatou parle d'"intégrité, de valeurs et de principes", il y a de quoi en douter : peut-on négocier publiquement une transaction contraignante sans se compromettre?

Quelques semaines auparavant, Hayatou avait été mis en cause par la BBC : il aurait perçu 10 millions FCFA de la défunte firme ISL. Pour sa défense, il avait proclamé que la somme en question était destinée à financer les festivités du 4 anniversaire de la CAF. Il n'a pas précisé pourquoi, cette somme n'avait pas été directement versée à la CAF?

jeudi 19 mai 2011

Comédie, Comédie....

Ils marchaient depuis 1995, la main dans la main. Ils étaient amis, associés, complices. Et puis, coup de théâtre, les voilà qui "divorcent" et se lancent dans une gué-guerre fratricide, se bombardant d'épithètes peu amènes. Ils, ce sont le Suisse Joseph S. Blatter et le Qatari Mohamed Bin Hammam. Le président en exercice de la Fifa et celui de la Confédération asiatique de football (AFC). Tous deux sont candidats à l'élection présidentielle de la Fifa, prévue le 1er juin à Zurich.
Blatter (76 ans) en poste depuis juin 1998, n'a pas de projet ou plutôt il affirme vouloir "terminer sa mission", comme s'il n'avait pas eu le temps, pendant treize ans de règne absolu! Bin Hammam, homme d'affaires prospère et proche du cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, l'émir du Qatar, veut le pouvoir. Il entend injecter du sang frais à la Fifa, lui conférer plus de "créativité, de transparence, moderniser son organisation et mieux répartir ses richesses". Comment? Il ne le dit pas. Ses détracteurs en rigolent : " Avec lui à sa tête, la Fifa ira à sa perte. Ses "réformes" seront le canular du siècle. C'est un autocrate qui n'a instauré à l'AFC, ni démocratie, ni transparence, ni intégrité."
Les frères d'hier se sont lancé dans la pêche aux voix. Avec un net avantage pour le Suisse : l'homme est un expert dans le verrouillage des scrutins. Il s'est constitué depuis 1998 une armée d'obligés, notamment en Amérique du Sud, du Centre et du Nord et en...Afrique. Il a une totale main mise sur la logistique de la Fifa. Il sera difficile à déboulonner avant....2015! Bin Hammam a les moyens de ses ambitions mais il ne peut compter ni sur le soutien de l'Europe (Michel Platini attend 2015), ni sur celui des Amériques. Un handicap insurmontable.
C'est dire que la gué-guerre entre Blatter et Bin Hammam fait plus penser au canular qu'à une véritable bataille électorale. Comme si les deux hommes étaient de connivence : la candidature du Qatari servant d'alibi démocratique au Suisse. Alors, comédie, comédie....