jeudi 16 avril 2009

Un "sommet" ordinaire

Les passions sportives ne sont pas d'anodines émotions collectives mais bel et bien l'expression d'une pathologie sociale endémique. Pour s'en convaincre, un détour s'impose par le stade du 7-novembre à Radès , Tunisie. Le 15 avril, l'enceinte accueillait un "match à haut risque" opposant l'Espérance sportive deTunis (EST) à l'Etoile sportive du Sahel (ESS) pour le compte des quarts de finale de la Coupe de Tunisie. Deux grands clubs locaux qu'oppose depuis un demi-siècle une rivalité sportive exacerbée. "Passionnés", "mordus", "fanas", "accros" des deux camps s'étaient mobilisés pour le nième duel au sommet. Une prétendue "fête" du ballon qui a nécessité une lourde présence des forces de l'ordre et un quadrillage policier impressionnant de l'espace sportif. On était en effet loin du scénario idyllique du "fair-play", du "respect de l'adversaire"et de "l'effervescence ludique" tant inventés par les idéologues de la "paix des stades".
Certes, il n' y a pas eu d'affrontement physique ou de rixe entre supporteurs mais quel déluge de violence verbale, de vociférations partisanes, d'insultes sexistes. "A propos de rivalité, commenta un quotidien local, les deux galeries (de supporteurs) ne se sont guère épargnées en se traitant de tous les maux. A la limite, c'était excessif (sic) mais prévisible (re-sic)." Et d'ajouter : "Avant le coup d'envoi de la rencontre, la provocation et les hostilités commencèrent..." Un "climat viril" et des "émotions débridées", somme toute, le tout pimenté par le régionalisme identitaire.
Sur la pelouse, les vingt-deux acteurs se livrèrent une bataille musclée d'où était banni le JEU. L'arbitre hollandais Eric Brahamhaar n'eut pas l'occasion de ranger son sifflet. Il siffla pratiquement une irrégularité sur chaque "action" tant les joueurs des deux camps se "défonçaient" dans la course à la faute: coups francs à profusion, actes d'anti-jeu répétés, simulations, tirages de maillot, provocations y compris de la part des deux bancs techniques. Une parodie de foot dont les maîtres d'oeuvre sont le Tunisien Faouzi Benzerti (EST) et le Français d'origine germanique Gernot Rohr(ESS). Deux "techniciens" tristes, sans charisme. Deux champions de la langue de bois abonnés au faux réalisme.
Un but de raccroc, consécutif à un coup de pied arrêté, obtenu de la tête par Wajdi Bouazzi, à la45ème minute, donna la victoire à l'Espérance. Une réussite adverse qui déclencha l'ire des supporteurs étoilés. Et ceux-ci ne se privèrent pas de lancer des projectiles divers (bouteilles vides, sièges arrachés, éviers!) sur le terrain...
Une belle "fête" "électrique et spectaculaire" (selon les mots du quotidien Le Temps). On a la "culture foot" que l'on mérite.

1 commentaire:

  1. la violence dans les stades est si récurrente de nos jours que l'on préfère suivre calmement les matchs à la télé. Malheureusement, ni les pertes en vies humaines, ni les suspensions des stades ne suffisent à faire prendre conscience à ces soi-disant "fanatiques" du ballon rond. la CAF a beau chercher des sanctions, les "hooligans tropicaux" sont sans nul doute atteint d'une surdité chronique !

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