samedi 21 novembre 2009

La guerre du ballon (2)

Les intérêts nationalistes et financiers mis en jeu par les éliminatoires conjuguées Coupe du monde/Coupe d'Afrique des nations ont pris ,depuis 2005, une ampleur telle que la régularité sportive sportive n'est plus toujours assurée.
Le football est, hélas, plus que jamais la guerre!
Quand une partie importante de la population d'une ville, d'une région ou d'un pays, se livre, avant et pendant "la confrontation" à d'indicibles manoeuvres d'intimidation qui ont pour cibles les joueurs hôtes.
Quand les forces dites de sécurité s'en prennent, elles aussi, aux "ennemis", aux arbitres dont elles doivent assurer la protection.
Quand un arbitre influencé ou terrorisé, choisit de donner la victoire à une équipe aux dépens de l'autre.
Quand un joueur parvient -impunément - à annihiler par la brutalité un opposant techniquement supérieur est porté en triomphe et reçoit décoration et prime.
Quand un entraîneur ordonne à ses "élèves" de "mourir sur le terrain".
Quand un dirigeant oublie le jeu et flatte l'esprit guerrier ou la virilité de ses joueurs.
Quand un autre n'hésite pas à fabriquer de fausses pièces d'identité.
Quand règnent sans partage les hordes guerrières de supporteurs fanatisés qui se transforment à l'occasion en meutes de chasse sanguinaires, en "militants" psalmodiants de la religion sportive.
Quand un gouvernement réquisitionne ses ministres, ses avions pour transporter sur le "champ de bataille" ses "troupes" afin de ...que reste-t-il du football, ce jeu régi par des lois?
RIEN. Le match, c'est la guerre. Chacun choisit son camp, ses armes, sa stratégie, établit son plan de bataille, mobilises ses troupes...et gare aux "traîtres" qui pactisent avec l'ennemi!
A moins d'aimer la guerre, il faut donc supprimer la compétition ou, plus exactement le système de l'élimination en deux manches, aller et retour, dont nul doute qu'il soit, par les temps qui courent en Afrique, la cause immédiate... de l'élimination du football.
Mais supprimer cette formule serait, pour nos politiciens, se priver des énormes recettes démagogiques que produit l'exaltation méthodique du chauvinisme. Ce phénomène, soutenu par l'ignorance et l'inculture,justifie tous les malentendus, tous les aveuglements, toutes les rancunes.
Bien sûr, une telle situation ne saurait durer, car cette guerre-là, comme les autres, aura une fin.
Mais pour qu'elle disparaisse à jamais, encore faut-il que les lois du jeu soient sévèrement gardées par les organismes de tutelle, la Confédération africaine et la FIFA en premier lieu. Que resurgisse et reprenne vie et vigueur en Afrique une véritable philosophie réaliste..
Celle qui rétablit l'accord harmonieux des moyens et de la fin, de l'esthétique et de l'efficacité, ou encore de la morale et de l'intelligence.

Celle qui s'exprime sur le terrain par le jeu offensif, lequel est construction, création consciente, voulue, intelligente; et donne par ses résultats le seul critère de la valeur sportive.
A ce prix-là, le jour où le culte de la personne s'atténuera, où l'individu ne sera point isolé, livré à lui-même dans la société, qu'il ne réussira plus au détriment des autres, où le pouvoir politique reconnaîtra au "ballon" sa vraie vocation culturelle et s'intéressera sérieusement à la masse des pratiquants et non plus à l'élite, alors le football africain repartira de bon pied et empruntera la véritable voie du progrès et de la fraternité.

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