jeudi 26 novembre 2009

Welcome to South Africa 2010 (4): de la liberté de la presse

" Les médias sud-africains sont en colère : les organisateurs du Mondial 2010 leur imposent un règlement ambigu, qui selon eux pourrait attenter aux libertés de la presse.
Levée de boucliers dans le milieu journalistique sud-africain. La couverture du
Mondial de football, l’année prochaine, pourrait être perturbée par le règlement restrictif imposé à la presse par la Fifa (Fédération internationale de football), selon le quotidien Business Day. En cause, un paragraphe de l’accord signé entre la Fifa et les journalistes demandeurs d’une accréditation. Cette clause, pour le moins obscure, stipule que tout comportement nuisant à l’image de la Fifa ou du comité local d’organisation pourra être sanctionné par un retrait de l’accréditation. D’où le malaise des reporters : qu’entend la Fifa par « comportement nuisible » ? Pour le Forum des éditeurs sud-africains (Sanef), l’équation est claire : s’essayer à critiquer la Fifa ou ses comités reviendra à être privé de matches et de tous les événements en marge de la compétition. La préparation de la Coupe du monde a été marquée par plusieurs grèves et manifestations, notamment des ouvriers chargés de la construction des stades et infrastructures sportives. Dans ce pays très syndiqué, l’enjeu est donc de taille. Si de nouvelles échauffourées éclataient alors que le monde aura les yeux braqués sur la nation arc-en-ciel, la Fifa ne manquerait d’être éclaboussée par le scandale. Or, la Fédération veut un Mondial calme, festif, et surtout pas générateur de tensions sociales. L’affaire fait d’autant plus polémique que les médias se sentent « piégés » : l’adhésion à la charte de la Fifa s’est faite via le site internet de la Fédération. Et ce n’est qu’une fois l’accord signé que les journalistes se sont aperçus du pot-au-rose et des restrictions qui les concernaient. En outre, ils dénoncent une méthode arbitraire, qui ne contraint pas les organisateurs du Mondial à leur fournir une explication avant de leur retirer leur accréditation. Le Sanef et la Fifa sont actuellement en discussion pour tenter de clarifier le problème. Celle-ci affirme qu’il ne s’agit que d’un « malentendu » sur les mots, et promet qu’elle n’entravera pas la liberté éditoriale des journalistes. Si la Fifa craignait d’avoir mauvais presse, il est trop tard... »
Site Jeune Afrique, 26 novembre 2009

dimanche 22 novembre 2009

Faire le métier ...

Stéphane Mandard écrit dans Le Monde du 22 novembre, sous le titre " Football : ce que ne dit pas l'affaire Thierry Henry" : " Il y avait le coup de tête de Zidane. Il y aura désormais la main d'Henry. A l'instar du fameux coup de boule du capitaine de l'équipe de France à l'encontre du défenseur italien Marco Materazzi en finale de la Coupe du monde 2006, la faute de main grossière de son successeur, qui a permis aux Bleus d'arracher leur qualification pour le Mondial 2010 aux dépens de l'Eire, a déclenché une vague de commentaires médiatico-politiques et de discussions de comptoir comme seul le football sait en créer."

"(....) A-t-on déjà vu un joueur venir s'excuser auprès de l'homme en noir après avoir simulé une faute dans la surface de réparation pour obtenir un penalty ou après avoir marqué un but sur une position de hors-jeu? La décision de la FIFA de ne pas faire rejouer France-Irlande confirme en quelque sorte que, dans le football, la tricherie est institutionnalisée."

" N'en déplaise à Rama Yade, Thierry Henry a bien triché. C'est déplorable. Mais ce qui est le plus navrant dans cette affaire, et qui n'a suscité aucun cri d'orfraie, c'est qu'en propulsant les Bleus en Afrique du Sud avec sa main, leur capitaine a, comme on dit dans le milieu, simplement fait le métier. Dans le milieu du foot, , c'est faire une faute au milieu du terrain pour briser l'élan de l'équipe adverse, retenir un joueur par le maillot sur un corner pour l'empêcher de prendre un ballon de la tête, s'écrouler dans la surface pour obtenir un penalty ou encore susurrer des mots doux à l'oreille de son adversaire pour lui faire perdre ses nerfs et qu'il écope d'un carton.

Pourquoi s'échiner à invoquer le fameux esprit du fair-play et à vouloir parer de vertus un sport où les vices sont tolérés voire encouragés? S'il faut trouver une utilité à l'"affaire Henry", c'est que cette main, vue par des millions de téléspectateurs, devrait rappeler à tous ceux qui ne veulent pas le voir, que le football, joyeux divertissement, a une face plus sombre. Car que trouve-t-on si on fouille un peu dans les coulisses de ce show médiatique? Des histoires de dopage, de corruption de joueurs ou d'arbitres, de matchs achetés, de transferts frauduleux, d'insultes racistes ou homophone, de débordements de violence sur le terrain comme en tribune".

" (...) Redéfinir un sport à valeur éducative qui échapperait aux lois de la compétition et du spectacle? Pourquoi pas? Mais il faudrait commencer par arrêter de magnifier des jeunes gens qui shootent dans un ballon et l'attrapent parfois de la main."


samedi 21 novembre 2009

La guerre du ballon (2)

Les intérêts nationalistes et financiers mis en jeu par les éliminatoires conjuguées Coupe du monde/Coupe d'Afrique des nations ont pris ,depuis 2005, une ampleur telle que la régularité sportive sportive n'est plus toujours assurée.
Le football est, hélas, plus que jamais la guerre!
Quand une partie importante de la population d'une ville, d'une région ou d'un pays, se livre, avant et pendant "la confrontation" à d'indicibles manoeuvres d'intimidation qui ont pour cibles les joueurs hôtes.
Quand les forces dites de sécurité s'en prennent, elles aussi, aux "ennemis", aux arbitres dont elles doivent assurer la protection.
Quand un arbitre influencé ou terrorisé, choisit de donner la victoire à une équipe aux dépens de l'autre.
Quand un joueur parvient -impunément - à annihiler par la brutalité un opposant techniquement supérieur est porté en triomphe et reçoit décoration et prime.
Quand un entraîneur ordonne à ses "élèves" de "mourir sur le terrain".
Quand un dirigeant oublie le jeu et flatte l'esprit guerrier ou la virilité de ses joueurs.
Quand un autre n'hésite pas à fabriquer de fausses pièces d'identité.
Quand règnent sans partage les hordes guerrières de supporteurs fanatisés qui se transforment à l'occasion en meutes de chasse sanguinaires, en "militants" psalmodiants de la religion sportive.
Quand un gouvernement réquisitionne ses ministres, ses avions pour transporter sur le "champ de bataille" ses "troupes" afin de ...que reste-t-il du football, ce jeu régi par des lois?
RIEN. Le match, c'est la guerre. Chacun choisit son camp, ses armes, sa stratégie, établit son plan de bataille, mobilises ses troupes...et gare aux "traîtres" qui pactisent avec l'ennemi!
A moins d'aimer la guerre, il faut donc supprimer la compétition ou, plus exactement le système de l'élimination en deux manches, aller et retour, dont nul doute qu'il soit, par les temps qui courent en Afrique, la cause immédiate... de l'élimination du football.
Mais supprimer cette formule serait, pour nos politiciens, se priver des énormes recettes démagogiques que produit l'exaltation méthodique du chauvinisme. Ce phénomène, soutenu par l'ignorance et l'inculture,justifie tous les malentendus, tous les aveuglements, toutes les rancunes.
Bien sûr, une telle situation ne saurait durer, car cette guerre-là, comme les autres, aura une fin.
Mais pour qu'elle disparaisse à jamais, encore faut-il que les lois du jeu soient sévèrement gardées par les organismes de tutelle, la Confédération africaine et la FIFA en premier lieu. Que resurgisse et reprenne vie et vigueur en Afrique une véritable philosophie réaliste..
Celle qui rétablit l'accord harmonieux des moyens et de la fin, de l'esthétique et de l'efficacité, ou encore de la morale et de l'intelligence.

Celle qui s'exprime sur le terrain par le jeu offensif, lequel est construction, création consciente, voulue, intelligente; et donne par ses résultats le seul critère de la valeur sportive.
A ce prix-là, le jour où le culte de la personne s'atténuera, où l'individu ne sera point isolé, livré à lui-même dans la société, qu'il ne réussira plus au détriment des autres, où le pouvoir politique reconnaîtra au "ballon" sa vraie vocation culturelle et s'intéressera sérieusement à la masse des pratiquants et non plus à l'élite, alors le football africain repartira de bon pied et empruntera la véritable voie du progrès et de la fraternité.

La guerre du ballon (1)

En Afrique, l’histoire des compétitions de football (Coupes d’Afrique des nations, Coupe du monde) la moins connue et la moins courue, est l’histoire politique. Une histoire moins « brillante », moins idéalisée, mais aussi moins complaisante que l’histoire sportive.
Elle met en lumière des réalités incontournables :
- la naissance et l’organisation du football à l’échelle du continent sont inséparables de la constitution et de la consolidation d’Etats ou de régimes forts ;
- la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde ont été, dès le départ, insérées dans le jeu diplomatique des relations entre Etats, le football représentant un enjeu politique considérable ;
- l’histoire de ces deux compétitions n’est que la répétition d’un scénario cyclique où l’on retrouve presque invariablement les mêmes excès (débordements chauvins, violence, bavures d’arbitrage, scandales financiers …) ;
- les rencontres, loin d’être des « fêtes populaires », ont souvent rempli la même fonction idéologique et politique : camoufler la nature ou les difficultés d’un régime et sa réalité sociale, servir, même momentanément, de diversion aux difficultés économiques et politiques, stimuler le chauvinisme et les
préjugés.
- Illustration : les récentes « confrontations fraternelles » AlgérieEgypte.





lundi 16 novembre 2009

Vive le chocolat suisse!

C'est un joli pied de nez que les jeunes pousses du football suisse ont adressé, dimanche 15 novembre, à l'imposante foule du National stadium d'Abuja, aux décideurs nigérians et aux mandarins de la CAF. Présent dans la tribune officielle, le président de la FIFA, Joseph Blatter, Valaisain pur sang, a du boire du petit lait : dame, des petits Suisses qui affrontent sans complexe et terrassent les Golden Eaglets du Nigeria, voilà un exploit historique qui vous réconcilie avec le Foot! Et prouve, si besoin est, que notre sport ne fait pas fi des hiérarchies établies et des considérations politiciennes. Il est profondément humain.

Sa majesté Hayatou VI, l'inamovible président de la CAF et son affidé, le Nigérian Amos Adamu, avaient pourtant tout planifié : le Championnat du monde des moins de 17 ans, organisé après moult rebondissements au Nigeria, devait revenir au pays d'accueil. Seulement voilà qu'une équipe multi-ethnique de gamins helvétiques est venue perturber leurs plans. Nullement impressionnés par l'ambiance du stade d'Abuja, les coéquipiers du surdoué Nassim Ben Khalifa (il est de parents tunisiens) sont parvenus à faire déjouer les prétenteux Eaglets et à leur donner l'estocade au bon moment (1-0). Et cerise sur le gâteau - ou autre pied de nez -, voilà que le coach suisse, Danny Ryser se permet, en fin de match, de narguer la foule locale en faisant rentrer un jeune Helvète d'origine...ghanéenne (Koffi Nimeley)!

Le victoire suisse est celle de la solidarité, de l'humilité et surtout de l'intelligence tactique. Et du talent aussi. Plus costauds et plus rapides, les Golden Eaglets de John Obuh ont évolué sans clairvoyance, misant sur un individualisme détestable, ils ne sont pas parvenus à forcer le coffre suisse. Sans doute, n'ont-ils pas été formés à l'école de l'intelligence. Quel gâchis!