vendredi 24 septembre 2010

Tunisie : faux rebonds

Face aux dérives médiatiques entourant le football en Tunisie, les autorités sportives et les clubs devraient élaborer une stratégie de communication qui mette en valeur d’abord, et surtout, le jeu, les joueurs et les équipes. Le football est le sport numéro un en Tunisie. Avec le développement de l’espace médiatique, le championnat de football devient l’événement national le plus couvert. Avec pas moins de quatre chaînes télé et 13 stations radio entre nationales, régionales et privées, rien de ce qui concerne les clubs de près ou de loin n’échappe désormais aux journalistes, sans cesse à la recherche de l’information, du scoop et surtout du nouvelle «affaire».


Haro sur les erreurs arbitrales

Il est vrai que le niveau sportif moyen du championnat et le spectacle médiocre qu’il offre chaque semaine ne laissent pas beaucoup de choix. Il faut bien meubler des émissions radiophoniques et télévisées quotidiennes. Du coup, lors de la couverture d’un match,
Il faut dire aussi que les responsables des clubs tendent eux aussi à mettre l’accent sur les erreurs des arbitres pour occulter la faiblesse de leur club. Comme si, sur le terrain, il n’y a que l’arbitre qui se trompe, jamais les joueurs.
Et là où l’on touche le fond de la question des erreurs arbitrales, c’est lorsque, au cours de la demi-finale de la dernière Coupe de Tunisie, le commentateur télé du match s’est vu assister non pas par un ancien entraîneur ou un ex-joueur en guise d’analyste sportif, mais par un ancien arbitre, qui commentait en direct les erreurs de l’arbitre.


Les présidents des clubs super stars

Les conséquences de la sur-médiatisation créent des situations quelque peu saugrenues. D’abord, les présidents des clubs se comportent parfois comme des stars, rivalisant en cela avec les joueurs. La preuve: rares sont les personnes qui peuvent citer trois noms de joueurs évoluant au Club sportif d’Hammam-Lif, alors que tout le monde (ou presque) attend, chaque dimanche, les interventions sympathiques et par moment comiques de l’ex-président de ce club, Mongi Bhar.
Outre les présidents des clubs, ce sont les membres de la Fédération tunisienne de football (ftf) et leur président qui jouent eux aussi aux stars. Ils ont même eu droit à leurs «marionnettes» dans les émissions satiriques télévisées ou radiophoniques.
Cette dérive médiatique n’est pas sans conséquences néfastes. D’abord pour l' équipe nationale. Plus les médias se focalisent sur les imperfections du onze national, plus le public se réduit d’un matche à l’autre. Pis: le peu de supporteurs qui assistent désormais aux matches sont tellement conditionnés qu’ils se permettent de siffler la moindre faute d’un joueur avec les tristes conséquences que l’on a pu constater lors de la dernière sortie de l’équipe de Tunisie.

Théorie du complot et violence dans les gradins


Idem pour les matches du championnat. Le public ne peut plus admettre la faiblisse de son club et adhère facilement à la théorie du complot ourdi contre celui-ci par la Fédération ou d’autres instances occultes, ce qui contribue d’ailleurs à la montée de la violence sur les gradins.
Il est nécessaire voire urgent que la ftf et les clubs se mettent d’accord sur une stratégie de communication qui mette en valeur d’abord et surtout le jeu, les joueurs et les équipes. Quitte à recourir au service d’une agence spécialisée. Encore faut-il aussi que les médias jouent le jeu et adhérent à cette stratégie.

www.kapitalis.com, Tunisie, 22 septembre 2010

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