jeudi 31 décembre 2009

Welcome to South Africa 2010 (6) : le Duc de fer

Lu dans le mensuel So Foot N°71 sous la signature de Septime Meunier et sous le titre "Arnaques, crime et vuvuzelas" :
" Depuis sa création en 1996, le destin de l'élite du foot sudaf, la Premier League est intrinsèquement lié à celui de ses trois fondateurs : Jomo Sono, Kaizer Motaung et Irvin "Iron Duke" Khoza. Ce dernier, président des Orlando Pirates depuis le milieu des années 90, est un personnage au passé trouble mais au rôle majeur. (...) Cest Khoza qui a monté et financé en 2000 la première candidature - infructueuse - de l'Afrique du Sud en lieu et place de la fédération, la SAFA (South African Football Association). Un échec national qu'il transformera en triomphe personnel puisqu'il sera nommé directeur du comité d'organisation sud-africain de la Coupe du monde 2010.
"Officiellement génie de l'investissement immobilier ayant fait fortune dans les années 1980, Khoza a en réalité bâti son empire en agissant dans l'ombre, rompu à tous les combats, politiques comme ceux des affaires. Il a d'abord survécu à une terrible guerre des gangs dans son township natal d'Alexandra. Il fut ensuite expulsé& de son université à cause de ses activités de militant, notamment en raison de ses liens avec la branche armée de l'ANC (African National Congress), Umkhonto we Sizwe, pour laquelle il aurait joué le rôle de pompe à fric. En 1983, Khoza avait été soupçonné d'utiliser les filières de trafic d'armes destinées à la lutte pour faire passer de la drogue depuis la Zambie. Devenu président d'un des clubs les plus populaires du pays, les Pirates, il aurait détourné une partie des revenus de la billeterie pour oeuvrer à la chute du régime de l'apartheid. Depuis l'élection de Mandela, il a été condamné pour évasion fiscale et arnaque à l'assurance. Celui que l'on nomme le "Prince des ténèbres" a été aussi mis en cause dans des affaires de contrefaçon de médicament, en particulier la
méthaqualone, devenue la drogue des pauvres et plus connue sous les noms de Quaaludes ou Mandrax, ou "M-Pills". Les cachets sont réduits en poudre pour être ensuite fumés dans une pipe avec de la marijuana. Les effets sont encore plus dévastateurs que le crack. Mais comme à chaque fois qu'il a été inquiété, le "Duc de fer" s'en est toujours tiré sans passer une seule nuit en prison.
Preuve de ses connections : aux funérailles d'une de ses filles, Jacob Zuma (le président actuel de l'Afrique du Sud), était assis juste à sa droite. Les deux hommes s'étaient déjà croisés au début des années 80, dans les rangs de l'ANC, au moment du soulèvement dans les townships. A cette époque, le régime blanc avait perdu tout contrôle, malgré la force, sur des pans entiers de la société. Grâce à cette vacance du pouvoir, Khoza allait démarcher des boîtes de publicité pour leur offrir d'installer de gigantesques panneaux publicitaires dans des quartiers sur lesquels, il prétendait régner. Il vendait littéralement des morceaux de Soweto au bluff", raconte Peter du Toit. Richard Maguire, le patron du magazine Kick Off, se souvient, lui, de la façon peu orthodoxe dont Khoza s'est emparé des Pirates : "Quand les propriétaires l'ont appelé à l'aide, il venait de perdre gros sur un chantier. Deux semaines plus tard, il contrôlait 100% du capital. Les premiers salaires, c'étaient des chèques en bois! La réputation des Pirates, c'est d'être le club du peuple, mais il n'y a qu'une seule personne qui compte et c'est Khoza. Maintenant avec son influence, il faut en avoir une grosse paire pour lui dire qu'il a tort." (A suivre)

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