vendredi 29 janvier 2010

Le mal ivoirien (2)

Interrogé par le quotidien ivoirien Fraternité Matin, Jean-Marc Guillou reproduit sur le site www.academiejmg.com l'intégralité de cette interview, avec en plus une mise au point concernant une rumeur que veulent faire courir les dirigeants de la Fédération ivoirienne de football (FIF) pour masquer leur indigence et fuir leur responsabilité dans l’échec des Eléphants à Cabinda.

Comment expliquez- vous l'élimination prématurée des Eléphants?
Elle est malheureusement logique. Nous l’avions prévue, même si nous pouvions espérer que les qualités individuelles de certains éléments qui composent l’équipe puissent nous faire mentir. Elle est due à un jeu collectif déficient et totalement inconsistant : à savoir sans aucune organisation en phase défensive et sans, en période offensive, permettre la maîtrise du jeu offensive parce que trop épisodique et de fait, très insuffisant.

Les choix de l'entraîneur Vahid Halilhodzic sont-ils en cause?
Depuis son entrée en fonction en 2008, Vahid n'a jamais su construire une équipe et, plus est, constituer un groupe capable, d'avoir aussi bien en phase offensive qu'en phase défensive, la maîtrise du jeu. Il dispose des joueurs qu’il faut, mais il a négligé l'importance, un : de la qualité du milieu de terrain et deux : de l'animation collective de l'équipe lors de la phase défensive. Ses choix n'étant pas dictés par ces nécessités et n'obéissant pas à une vraie logique, ont été forcément incohérents donc contestables.

Qui proposerez-vous comme successeur à Vahid qui semble sur le départ?
Quelqu'un capable de bien faire évoluer tous ces bons joueurs en équipe capable notamment de s’assurer la maîtrise du jeu . M mais pour cela il faut avoir le mode d'emploi. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est la maîtrise du jeu, qu'ils regardent jouer l'équipe de Barcelone.
Concernant le départ de Vahid, si vous laissez en place celui qui va choisir son remplaçant et qui ne connaît rien en la matière, changer d'entraîneur, ne sera probablement pas suffisant.

Espérez-vous encore quelque chose de la génération des Didier Drogba, Kolo, Aruna?
Elle devrait avoir gagné au moins deux CAN si ce n'est trois, et avoir l'ambition de rivaliser avec les meilleures équipes au niveau mondial. On en est loin. Ce qui était une réalité n'est même plus un espoir à quatre mois de la prochaine Coupe du monde.

Que pensez-vous du cas du président de la FIF, Jacques Anouma? Certains affirment que tout ce qui l’intéresse, c’est l'argent et non l'intérêt du football ivoirien.
Depuis qu'il dirige le football ivoirien, je ne trouve pas trace d'un projet sportif voire même d'une décision pouvant réellement servir l'intérêt du football et particulièrement l'intérêt du football ivoirien. Aujourd'hui, Anouma « tire » sa réputation des qualifications, en 2005 et 2009, de l'Équipe nationale au Mondial, mais les vrais mérites de cette réussite, bien minimale au regard du potentiel joueurs de la sélection, ne lui reviennent en aucune façon. Il tire profit d'une bonne génération sortie en grande partie de l'Académie Mimosifcom que nous avons créée et dirigée à Sol Béni.
En revanche, il porte la responsabilité des échecs répétés de cette génération depuis dix ans. Sa volonté de se maintenir en place en dépit de son bilan négatif est uniquement motivée par un intérêt personnel. Il y a un étroit rapport entre l'élimination de l'Équipe nationale et la compétence du président de la Fédération. Evidemment, celui-ci va tenter de faire croire à tout le monde que les échecs sont imputables aux joueurs! Pour les hauts responsables politiques qui ont fait beaucoup d'efforts afin que cette campagne soit couronnée de succès et pour tous les Ivoiriens amoureux du football, c'est une cruelle désillusion.

Quel avenir pour le football ivoirien après l'échec d’Angola 2010?
Cette génération a perdu beaucoup de temps et de titres. Songez qu'en 1999, une équipe de jeunes Académiciens de moins de 18 ans de moyenne d'âge remportait la Supercoupe d'Afrique face à une formation de valeur internationale, l’Espérance sportive de Tunis (3-1).
Sur ce que je perçois, le football ivoirien a encore quelques quatre à cinq belles années pour profiter de cette génération de joueurs exceptionnels. C'est-à-dire une à deux Coupes du monde et deux à trois CAN. Il n'y a plus de temps à perdre.

Mise au point de Jean-Marc Guillou
Aux dernières nouvelles d'Abidjan, la rumeur que ferait courir les dirigeants de la FIF pour cacher leur incompétence, serait de désigner les joueurs internationaux de l'Académie comme responsables de la débâcle en Angola parce que Jean-Marc Guillou leur aurait demandé de lever le pied !Nous ne sommes pas étonnés par leur incohérence. En effet, d'une part, nous n'avons aucun intérêt à ce qu'une équipe composée au minimum de sept Académiciens joue aussi mal pour au moins deux raisons :
- Quand la Côte d'Ivoire gagne, c'est nous qui gagnons!
- La philosophie de l'Académie exclut le mensonge, la tricherie et le vol.
C'est pourquoi, nous sommes atterrés par l'incompétence et la malhonnêteté qui existent au niveau de cette Équipe nationale. D'autre part, quel intérêt auraient les joueurs de participer à une telle compétition avec comme ordre de ne pas jouer ? Comment expliquer le but de Kolo face à l'Algérie–refusé à tort par l’arbitre - dans les dernières minutes de la prolongation s'il avait décidé de lever le pied?
Bref, une accusation qui ne tient pas debout à l’image de leur stratégie de jeu. C'est pourquoi aussi, plutôt que de demander aux Académiciens de devenir des tricheurs, ce que nous ne ferons jamais, nous leur demandons aujourd'hui officiellement, de se conduire comme des footballeurs libres et responsables, c'est-à-dire de nettoyer l'environnement de l'Equipe nationale cette malhonnêteté et cette incompétence ou à défaut de ne pas y participer. Serons-nous entendus et obéis ? Rien n'est moins sûr. Car l'homme en général qu'il soit africain ou non, a souvent du mal à percevoir son intérêt quand il n'est pas immédiat.




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