mercredi 19 janvier 2011

Les "Si" Slim

Le 18 novembre 2010, la commission d'Ethique de la Fifa a fait fait tomber "Si" (Monsieur) Slim Aloulou, président de la Chambre des litiges de la Fifa et l'a suspendu de toute activité dans le football, pour deux ans. Le 1( janvier, la Révolution du jasmin a fait tomber "Si" Slim Chiboub, président du Comité olympique tunisien et ancien président de l'Espérance sportive de Tunis : il a été arrêté, le 15 janvier, à la frontière tuniso-libyenne alors qu'il fuyait le pays.

Depuis 1987, les deux Slim ont été, au plan international, deux personnalités en vue. Le premier, ancien baron du régime de Bourguiba, s'est incrusté, dans le sillage d'Issa Hayatou, à la CAF et à à la Fifa (il siègea de 1988 à 2004 au Comité exécutif). Se présentant comme un juriste confirmé, il a fini par être promu à la présidence de la Chambre des litiges où il trouva une planque dorée. Coopté au comité exécutif de la CAF par Hayatou, il y a été très actif. Bien qu' au départ de sa carrière de dirigeant en 1976, il n'avait aucune légitimité sportive, ce politicien retors parvint à s'introduire dans l' instance faîtière du football et y gagner la confiance de Joao Havelange puis celle de Joseph Blatter. Rusé et malin comme pas un, "Si" Slim a promené durant de longues années ses complexes et sa vanité. Il se l'est joué toujours perso. Sans scrupule et sans état d'âme.

En 2004, il est contraint de s'effacer devant ..."Si" Slim Chiboub qui lui ravit son poste au CE de la Fifa. D'où un ressentiment tenace.

Aloulou avait rang de magistrat du sport à la Fifa. Approché par les journalistes du Sunday Times qui se proposaient, pour le piéger, de vouloir monter une opération de corruption en faveur de la candidature des Etats-Unis à la Coupe du monde 2022, non seulement, il prêta oreille à leur projet, leur donna des conseils et lui offrit sa collaboration tarifiée! Un magistrat digne de ce nom aurait tout de suite dénoncé la tentative et avertit la Fifa. Aloulou ne l'a pas fait parce qu'il "ne voulait pas faire de la délation"! Plus hypocrite tu meurs!

"Si" Slim Chiboub, n'avait hésité, depuis novembre 1987, de tirer profit de son mariage avec Dorsaf, la fille de l'ex-dictateur tunisien Ben Ali. L'ancien joueur de volleyball, prend en 1989, la tête de l'Espérance sportive de Tunis. Il se livre à un indicible trafic d'influence pour d'abord s'enrichir et ensuite pour remplir les caisses du club. Il use de sa position de gendre pour mettre sous sa coupe le sport tunisien. Il met les médias à sa botte et entreprend systématiquement de déstabiliser tout ministre ou tout dirigeant de fédération qui ne sert pas ses intérêts. Il exerce une pression sans relâche sur le corps arbitral. L'Espérance devient un Etat dans l'Etat. Intouchable. Invincible. Mais aussi, du fait de son mentor, impopulaire dans le pays. Mais de celà, "Si" Slim s'en f...ait.

Au plan continental, Chiboub va cultiver des relations privilégiées avec Issa Hayatou et avec feu Farah Addo, l'ancien président de la commission des Arbitres de la CAF. L'Espérance sera choyée par la CAF et Chiboub arriva au point de choisir à la carte les arbitres dans les compétitions des clubs!

Bien entendu, les passe-droits réservés à l'Espérance et à Chiboub finirent par faire grincer les dents en Afrique mais Hayatou servait de bouclier d'autant qu'à sa demande, Chiboub persuada son beau père d'accueillir la CAN 2004 en Tunisie. L'affaire fut conclue et en échange de ce service (Hayatou fragilisé par son échec à l'élection présidentielle de la Fifa en 2002, voulait tenir l'assemblée de la CAF de 2004 - décisive pour sa réélection à la tête de l'instance africaine dans un pays "ami" ), Chiboub décrocha un siège au sein du CE de la Fifa.

Mais tout comme Aloulou, Chiboub va afficher morgue et suffisance comme s'il méprisait ses pairs africains. Il séchait les réunions du CE de la CAF et ne manifestait que peu d'intérêt pour ses activités. En janvier 2009, il brigua un nouveau mandat à la Fifa, comptant essentiellement sur le soutien de son "ami" Hayatou. Il essuya une défaite cuisante qu'il eut du mal à digérer. La deuxième défaite de sa carrière de dirigeant car, en novembre 2004, son beau père lui avait intimé l'ordre d'abandonner la présidence de l'Espérance, suite aux manifestations hostiles des supporters du club. Il s'exécuta sans toutefois renoncer à son pouvoir de nuisance. Il perdit aussi de son influence au Palais de Carthage parce que marginalisé par le clan de la "présidente" Leila Trabelsi.
En juin 2009, le Palais lui offrit un fauteuil de consolation : la présidence du Comité olympique tunisien.

Arrêté le 15 janvier vers Ben Gardane, il dévoila à la police les plans du couple Ben Ali - Trabelsi : 800 véhicules bourrés d'explosifs disséminés à travers tout le pays par la Sécurité présidentielle sous l'ordre du Général Ali Sériati (arrêté lui aussi )et de Leila Ben Ali ? Chiboub aurait été libéré et exfiltré vers Dubaï.

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