samedi 10 avril 2010

Les "cabestros"

Fernando Arrabal est un dramaturge mondialement connu qui adore le football et qui sait bien en parler. Voilà ce qu'il pense des entraîneurs * :" Les footballeurs joueraient infiniment mieux sans entraîneur. (...) Il faut supprimer cette excroissance que sont les entraîneurs. Ce sont des fanatiques. Des caporaux. Il y a une loi du foot : "quand on change d'entraîneur, on gagne dans la semaine". Obviously. Le type, à peine arrivé, ne s'est pas encore lavé les dents, n'a jamais parlé avec les joueurs et son équipe gagne le match. Bien sûr : en réalité, on n'a aucun besoin de ce fantôme. Je rêve d'un football moderne. Anarchiste. Sans entraîneur.
L'entraîneur est une création d'un homme très intelligent et érudit : Staline. Un monstre...mais très cultivé. C'est lui qui a créé cela. Il aimait le football. Il ne pouvait pas laisser un club de foot entre les mains des propriétaires : des capitalistes. Ni entre les mains des footballeurs, trop poètes; trop merveilleusement fous. Il fallait un homme du parti, à poigne. Un aparatchik fidèle aux ordres et au goulag. Et il a créé l'entraîneur.
Quel besoin? Regardez, on a une preuve encore plus comique. Un entraîneur hollandais (Guus Hiddink) a pris l'équipe de Corée du Sud. Il voyait "ses" joueurs une fois par trimestre. Il ne parlait pas un mot de coréen. Conséquence : l'équipe a fait un parcours sensationnel en 2002. Du coup, il a été nommé entraîneur de Russie. Avec des traducteurs et beaucoup de présence cette fois. Résultat : une équipe truffée de grands joueurs qui s'est faite éliminer par...la Slovénie. Disons la vérité : les entraîneurs, ce sont des gardes-chiourme. Des flics. Des inquisteurs. Dans la tauromachie, il y a le cabestro. C'est l'animal châtré qui empêche le taureau d'être un taureau. Eh bien , l'entraîneur, c'est un cabestro."
Dédié, entre autres, à notre looser préféré, Jacques Anouma.
*So Foot N°75, avril 2010

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