dimanche 6 février 2011

Deux poids, deux mesures

Comme il fallait s'y attendre, la commission de Recours de la Fifa a, le 4 février, confirmé les décisions prises par la commission d'Ethique, le 17 novembre, dans l'affaire du Sunday Times. Il ne pouvait en être autrement : la Fifa dont l'image a été sérieusement écornée par les révélations du journal anglais et par celles de l'émission Panorama de la BBC se devait maintenir les sanctions contre les brebis galeuses" du Comité exécutif, faute de perdre toute crédilité.
Ainsi les appels du Nigérian Amos Adamu et du Tahitien Reynald Temarii ont été rejetés. Le premier qui voulait se représenter aux élections de la CAF, le 23 février à Khartom, reste suspendu pour trois ans, c'est-à-dire, interdit de toute activité liée au football et il devra régler une amende de 10 000 CHF. Temarii a eu beau, ces deniers temps, multiplier les génuflexions devant Joseph Blatter, il doit purger un an de suspension et payer 5 000 CHF.
Les deux afidés d'Issa Hayatou, le Tunisien Slim Aloulou et le Malien Amadou Diakhité ont eu droit à une légère mansuétude. Alloulou reste hors-jeu un an et doit régler 5 000 CHF et Diakhité n'est plus suspendu que pour deux ans (au lieu de trois) et ne payera que 7 500 CHF.
La logique de la sanction impose que ces deux personnages disparaissent, pendant leur suspension, du football africain. Mais rien n'est moins sûr. Hayatou a besoin de ses deux "cannes blanches" et il ne les lâchera pas de gaité de coeur. Gageons qu'après le 17 novembre 2011, Aloulou sera rappelé au CE de la CAF (il y a été ...coopté en 2004) et l'année d'après, ce sera le tour de Diakhité. Tant que Hayatou est président de la CAF (son sixième mandat court jusqu'en 2013), les deux suspendus pourront rebondir....incognito (?)
Toutefois, ils ne sont assurés de retrouver leurs postes à la Fifa. Il serait étonnant - mais sait-on jamais - que Slim Aloulou réapparaisse, l'an prochain, à la tête de la chambre de Résolution des litiges de la Fifa et que Diakhité réintègre un jour la commission des arbitres.
Si l'affaire du Sunday Times connaît son épilogue, il reste celle des révélations de Panorama qui concernent quatre éminents membres du CE de la Fifa : Ricardo Teixeira, Jack Warner, Nicolas Leoz et Issa Hayatou. La Fifa a botté en touche et n'a ordonné aucune enquête comme si de rien n'était. Cette attitude n'a pas convenu à l'avocat allemand Guenter Hirsh qui a démissionné, le 10 janvier, de la commission d'Ethique parce que celle-ci "n'a montré aucun intérêt à s'attaquer aux allégations de corruption" . Dans un courrier adressé à Claudio Sulser, le président de la dite commission, il écrit : "Les évènements survenus ces dernières semaines ont confirmé et renforcé l'impression que des responsables de la Fifa n'affichent aucun réel intérêt à jouer un rôle actif dans la résolution et la sanction des violations des divers articles du Code d'Ethique de la Fifa".
La démission de M° Hirsch jette la suspicion sur les effets d'annonce du président Blatter : "Je prends la responsabilité d'extirper la corruption de la Fifa" et sur son intention de créer une Commission anti-corruption dont les membres seraient issus des mondes politiques, de la finance, des affaires et de la culture.
" Pourquoi, s'interroge, l'avocate Sylvia Schenk, conseillère auprès de l'organisation Transparency International dans le sport, la Fifa a besoin d'une nouvelle commission alors qu'elle dispose, depuis 2006, d'un comité d'Ethique? C'est une manoeuvre de diversion sans plus pour, une fois la tempête calmée, faire oublier les affaires de corruption".
" Les allégations de corruption, affirme l'avocat américain David Larkin, poursuivent la Fifa et ses dirigeants depuis dix ans. Depuis dix ans, ce qui a causé le plus de préjudice à la FIfa, ce ne sont pas les allégations mais les réponses dénuées de tout fondement de l'instance faîtière".

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