samedi 19 février 2011

La démocratie de la CAF

Le 23 février, à deux jours de la finale du 2è Championnat d’Afrique des nations (CHAN), se tiendra, à Khartoum, la 33ème assemblée générale de la CAF. Au menu, les élections au Comité exécutif de l’organisation africaine et à celui de la Fifa. Le président de la CAF, Issa Hayatou dont le mandat court jusqu’en 2013, aborde l’échéance, affaibli et fortement contesté. 2010 fut pour lui l’annus horibilis. Elle a débuté avec la fusillade de Cabinda qui a endeuillé la CAN, s’est poursuivie avec l’affaire du Togo, le fiasco sportif des représentants africains au Mondial, la suspension par la Fifa, de ses fidèles lieutenants Amos Adamu, Amadou Diakhité et Slim Aloulou, sa mise en cause par la BBC dans un scandale de corruption et les graves incidents de la finale de la Ligue des champions Espérance de Tunis – Tout puissant Mazembe au cours desquels, il fut copieusement insulté par les supporters tunisois.
Cette série noire n’empêchera pas les élections de Khartoum de se dérouler selon un scénario immuable. Le mode de scrutin (élection directe des membres du CE par tous les délégués à l’assemblée) qui sévit depuis 54 ans à la CAF souffre en effet, d’un déficit démocratique. Verrouillé par une nomenklatura, soucieuse de préserver ses privilèges et ses situations de rente, il bannit toute forme d’élection décentralisée et rejette toute limitation des mandats.

La CAF divise le continent en six zones géographiques (Nord, Ouest A et B, Centrale, Centre Est et Sud). Chacune d’entre elles a droit à deux membres au sein du Comité exécutif (auxquels s’ajoutent depuis 2004, deux membres cooptés). Tout candidat à un poste appartient à l’une de ces zones mais celle-ci ne l’élit directement : il doit solliciter le suffrage des représentants des 52 associations nationales lesquels, la plupart du temps, ne le connaissent pas, ignorent tout de son parcours et ne s’intéressent ni à ses idées, ni à son projet (s’il en a un). Son atout est son trésor …électoral.

Dans la pratique, le procédé autorise les marchandages et les arrangements entre candidats. Plusieurs semaines avant l’assemblée, les présidents des fédérations sont directement « travaillés » chez eux par des émissaires généreux. La veille du vote, ils sont harcelés par des « lobbystes » aux ordres qui leur soumettent les noms de leurs favoris et leur fournissent même des listes toutes prêtes. C’est le système classique du parti unique. Il accorde la priorité aux féaux et élimine ceux qui ne font pas partie de la…. cour de Sa majesté Hayatou VI, qui règne sur la CAF depuis mars 1988 ou ceux qui ne sont pas adoubés par le Qatari Muhamad Bin Hammam, président de la Confédération asiatique (mais oui !). En premier lieu, les anciens gloires du ballon. C’est -à- dire ceux qui connaissent très bien le foot sur le mode pratique, savent bien en parler et pourraient certainement mieux le servir. Les prestigieux Rachid Mekhloufi, Abedi Pelé, Salif Keita et Kalusha Bwalya candidats respectivement en 2000, 2004, 2006 et 2009 l’ont appris à leurs dépens.

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