mercredi 3 novembre 2010

La couleur et les odeurs

Dans les stades de l'Hexagone, quand des supporters sont mécontents d'une décision d'arbitre défavorable à leurs favoris, ils renvoient l'homme en noir (???) aux "chiottes" ou le traitent, haut et fort, d'encu.... Avec les joueurs et les dirigeants de l'Espérance sportive de Tunis, c'est une nouvelle mode qui est lancée. Ainsi après, la finale de la Ligue des champions TP Mazembe - Espérance (5-0) du 30 octobre, l'international Khaled Korbi a déclaré au quotidien Assabah que l'arbitre togolais Djaoupé Kokou " sentait l'alcool"! Son dirigeant Riadh Bennour renchérit : " Tous nos joueurs ont dit que Djaoupé Kokou sentait l'alcool" tout en refusant - le brave homme - de parler de corruption et en blanchissant ses joueurs (Darragi, Ben Mansour et Hichri) qui n'auraient pas "agressé l'arbitre" mais avaient juste" protesté" auprès de lui. Energiquement?
Questions : les joueurs tunisois disposaient-ils d'un alcootest sur le terrain? Les bons musulmans qu'ils sont, seraient-ils familiers avec les vapeurs de l'alcool? Somme toute, l'infortuné Djaoupé ne serait qu"un nègre soulard". La couleur et les odeurs : cela ne flaire-t-il le racisme primaire? Où est la commission d'Ethique de la CAF (dont le président est un certain...Amos Adamu)?
Les footballeurs nord-africains ont pris la fâcheuse habitude dès lors que des décisions arbitrales ne les avantagent pas, de cracher leur dépit et leur colère et d'"habiller" tous les arbitres qui sont originaires d'Afrique subsaharienne. On se souvient de toutes les injures et insultes dont a été, lors de la CAN 2010, couvert l'arbitre béninois Coffi Codja, coupable d'avoir voulu appliquer sans diplomatie, les lois du jeu. Bien sûr devant les cris d'orfraie des dirigeants algériens, Issa Hayatou n'a pas eu de scrupule à "sacrifier" le Béninois.
Tous ceux qui hurlent après les arbitres oublient évidemment les matchs où des décisions - défavorables à l'adversaire -, leur ont permis de rafler des victoires. Et l'Espérance depuis 1993, n'est pas la plus mal lotie dans ce domaine. Et, par ailleurs que nos "champions du fair play" se souviennent du comportement de leurs joueurs, dirigeants et supporters à Accra, en décembre 2001, à l'occasion lors de la finale -retour Hearts of Oak - Espérance (3-1).
Ce rappel étant fait, le football africain est bel bien malade de l'arbitrage. Le niveau des sifflets a nettement régressé depuis M. Amadou Diakhité dirige la commission des arbitres de la CAF. Exemple : aucun arbitre africain n'a eu à diriger de match au second tour du Mondial 2010! Plus est, la désignation des arbitres est sujette à à une sévère critique. Ainsi, nonobstant le niveau et la forme du Togolais Kokou Djapoué, comment pouvait-on le désigner pour une finale à gros enjeu sportif et financier alors que chez lui, il est depuis de longs mois réduit au chômage technique : les compétitions sont suspendues au Togo depuis Angola 2010 et l'on attend l'élection d'une nouvelle fédération pour les faire redémarrer.
Au lieu de s'en prendre à M. Djapoué, les dirigeants de l'Espérance auraient été plus inspirés de mettre en cause ceux qui l'ont envoyé au casse-pipe à Lubumbashi. Mais, c'est trop leur demander. Ah, la couleur et les odeurs, c'est plus commode....

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