mardi 30 novembre 2010

Le troisième homme

Ainsi le troisième homme auquel le journal suisse Sontag Zeitung est Issa Hayatou, l'inamovible président de la CAF. Dans un documentaire diffusé par la BBC le 30 novembre, il est accusé par le journaliste Andrew Jennings, d'avoir reçu en 1995, 100 000 francs (10 millions FCFA) de la société de marketing International Sports and Leisure (ISL). Une bagatelle par rapport aux sommes perçues, entre 1989 et 1999, par deux autres éminents membres du CE de la Fifa. Le Brésilien Ricardo Teixeira (ex-gendre de Joao Havelange) aurait bénéficié de virements via une société écran, la Sanud, d'un montant de 9,5 millions de dollars et le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la Conmebol, 730 000 dollars. Jennings a obtenu des documents internes de la société selon lesquels 175 versements illégaux représentant 100 millions de dollars et servant à corrompre plusieurs hauts responsables de la Fifa, auraient lieu entre 1989 et 1999.

Le documentaire de la BBC épingle aussi Jack Warner, vice-président de la Fifa d'avoir tenté d'acheter pour 84 240 dollars des billets pour le Mondial 2010 afin de les revendre.

ISL avait obtenu l'exclusivité" des droits de commercialisation de plusieurs Coupes du monde avant de faire faillite et d'être liquidée en 2001.

Si la Fifa a botté en touche et insisté sur le verdict du Tribunal pénal de Zoug, daté du 26 juin 2008, qui n'a reconnu coupable aucun officiel de la Fifa. Elle a fait allusion à l'affaire ISL-ISMM. Le Comité olympique international (CIO) a, par contre, décidé de diligenter une enquête sur les accusations lancées à l'encontre d'Issa Hayatou.

Bien entendu, le Camerounais se défend d'avoir reçu des pots de vin d'ISL. il affirme que les 100 000 francs reçus font partie du contrat de sponsorisation signé entre ISL et la CAF et que l'argent était destiné à la préparation du 40è anniversaire de la CAF (février 1997). Il a "la conscience tranquile".
Question : ISL a-t-elle viré les 100 000 F (environ 15 400 euros) sur le compte de la CAF ou sur celui du président Hayatou? Et dans le deuxième cas, pourquoi a-t-elle choisi cette voie indirecte?

Rappelons que :

*La CAF avait de, 1984 (sauf en 1990) à 2000, confié la commercialisation (publicité) de la Coupe d'Afrique des nations à ISL avant de tout (pub et audiovisuel) vendre au groupe de Jean-Claude Darmon - qui deviendra Sportfive -;

** En 2002, suite à la faillite d'ISL, la CAF dut créer, avec des cadres d'ISL, sa propre structure de commercialisation. L'expérience ne sera pas renouvelée;

*** Issa Hayatou a cultivé et gardé des liens privilégiés avec Jean-Marie Weber, le directeur général d'ISL. Après la liquidation d'ISL en 2001, Weber est nommé conseiller en marketing du président de la CAF avec, en plus, une charge de chef de protocole à l'occasion de la phase finale de la CAN;

**** Tous les contrats de commercialisation signés par la CAF, depuis l'avènement de Hayatou, sont ultra-confidentiels. La transparence est proscrite. ISL, le groupe Darmon puis Sportfive ont toujours remporté les appels d'offre, effectués, selon une source interne, pour la forme.

**** Devant le Tribunal pénal de Zoug, en mars 2008, Jean-Marie Weber a refusé de révéler les noms des membres de la Fifa qui auraient bénéficié des largesses d'ISL.

Après la suspension d'Amos Adamu, Amadou Diakhité et Slim Aloulou, et sa mise en cause par le documentaire de la BBC, Hayatou boucle en catastrophe l'année 2010. Pour tous les observateurs, il est touché mais pas coulé. Son sixième mandat -entamé en février 2009 - est peut être le mandat de trop.


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