mardi 30 novembre 2010

Le troisième homme

Ainsi le troisième homme auquel le journal suisse Sontag Zeitung est Issa Hayatou, l'inamovible président de la CAF. Dans un documentaire diffusé par la BBC le 30 novembre, il est accusé par le journaliste Andrew Jennings, d'avoir reçu en 1995, 100 000 francs (10 millions FCFA) de la société de marketing International Sports and Leisure (ISL). Une bagatelle par rapport aux sommes perçues, entre 1989 et 1999, par deux autres éminents membres du CE de la Fifa. Le Brésilien Ricardo Teixeira (ex-gendre de Joao Havelange) aurait bénéficié de virements via une société écran, la Sanud, d'un montant de 9,5 millions de dollars et le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la Conmebol, 730 000 dollars. Jennings a obtenu des documents internes de la société selon lesquels 175 versements illégaux représentant 100 millions de dollars et servant à corrompre plusieurs hauts responsables de la Fifa, auraient lieu entre 1989 et 1999.

Le documentaire de la BBC épingle aussi Jack Warner, vice-président de la Fifa d'avoir tenté d'acheter pour 84 240 dollars des billets pour le Mondial 2010 afin de les revendre.

ISL avait obtenu l'exclusivité" des droits de commercialisation de plusieurs Coupes du monde avant de faire faillite et d'être liquidée en 2001.

Si la Fifa a botté en touche et insisté sur le verdict du Tribunal pénal de Zoug, daté du 26 juin 2008, qui n'a reconnu coupable aucun officiel de la Fifa. Elle a fait allusion à l'affaire ISL-ISMM. Le Comité olympique international (CIO) a, par contre, décidé de diligenter une enquête sur les accusations lancées à l'encontre d'Issa Hayatou.

Bien entendu, le Camerounais se défend d'avoir reçu des pots de vin d'ISL. il affirme que les 100 000 francs reçus font partie du contrat de sponsorisation signé entre ISL et la CAF et que l'argent était destiné à la préparation du 40è anniversaire de la CAF (février 1997). Il a "la conscience tranquile".
Question : ISL a-t-elle viré les 100 000 F (environ 15 400 euros) sur le compte de la CAF ou sur celui du président Hayatou? Et dans le deuxième cas, pourquoi a-t-elle choisi cette voie indirecte?

Rappelons que :

*La CAF avait de, 1984 (sauf en 1990) à 2000, confié la commercialisation (publicité) de la Coupe d'Afrique des nations à ISL avant de tout (pub et audiovisuel) vendre au groupe de Jean-Claude Darmon - qui deviendra Sportfive -;

** En 2002, suite à la faillite d'ISL, la CAF dut créer, avec des cadres d'ISL, sa propre structure de commercialisation. L'expérience ne sera pas renouvelée;

*** Issa Hayatou a cultivé et gardé des liens privilégiés avec Jean-Marie Weber, le directeur général d'ISL. Après la liquidation d'ISL en 2001, Weber est nommé conseiller en marketing du président de la CAF avec, en plus, une charge de chef de protocole à l'occasion de la phase finale de la CAN;

**** Tous les contrats de commercialisation signés par la CAF, depuis l'avènement de Hayatou, sont ultra-confidentiels. La transparence est proscrite. ISL, le groupe Darmon puis Sportfive ont toujours remporté les appels d'offre, effectués, selon une source interne, pour la forme.

**** Devant le Tribunal pénal de Zoug, en mars 2008, Jean-Marie Weber a refusé de révéler les noms des membres de la Fifa qui auraient bénéficié des largesses d'ISL.

Après la suspension d'Amos Adamu, Amadou Diakhité et Slim Aloulou, et sa mise en cause par le documentaire de la BBC, Hayatou boucle en catastrophe l'année 2010. Pour tous les observateurs, il est touché mais pas coulé. Son sixième mandat -entamé en février 2009 - est peut être le mandat de trop.


lundi 29 novembre 2010

Boîtes postales

Alors que les pays hôtes des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde seront désignés le 2 décembre par le Comité exécutif de la Fifa (réduit à 22 membres après la suspension d'Amos Adamu et de Reynald Temari), le journal suisse Sonntag Zeitung a fait état le 28 novembre de nouvelles suspicions de corruption au sein de la Fifa.
Le journal dominical révèle l'existence d'une liste sur laquelle figurent les noms des membres de la Fifa ayant reçu des "versements de plusieurs millions ". Un résident suisse qui a eu accès à la liste affirme que des membres du Comité exécutif se cachent derrière des " boîtes postales de sociétés" figurant sur le document. Le journal précise qu'un membre connu du CIO apparaîtrait parmi ces noms.
Rappelons que sont membres du Comité olympique international :
* L'ancien président de la Fifa, Joao Havelange, depuis 1963
** Le président actuel, Joseph S. Blatter depuis 1999
** * Le vice-président Issa Hayatou depuis 2001.
L'un d'entre eux figurerait-il dans la liste du SoontagZeitung?

lundi 22 novembre 2010

Bienvenue au club

Quelle mouche a piqué Samuel Eto'o dimanche 21 novembre, au cours du match Chievo Verone - Inter Milan? A la 38è minute de la partie, le Camerounais assena, en pleine poitrine, un coup de tête au défenseur adverse Bostjan Cesar. A la manière de Zinedine Zidane lors de la finale du Mondial 2006. Si le Français en donnant un coup de tête à l'Italien Marco Materazzi avait été expulsé du terrain, le Camerounais n'a même pas été averti par l'arbitre Rocchi. Il a néanmoins récolté trois matchs de suspension et 30 000 euros d'amende, sur la foi des images de la télévision. Sans doute que Cesar a provoqué, voire même insulté Eto'o, mais la réaction de ce dernier est inexcusable.

Le meilleur footballeur africain de la décennie a donc rejoint le club de la "voyoucratie des pelouses" où il retrouve l'Ivoirien Didier Drogba, les Sénégalais El Hadji Diouf et Souleymane Diawara (un colosse taillé à coups de serpe qui ne se gêne pour écraser et malmener l'adeversaire) et le Togolais Emmanuel Adebayor et le Sé.
Pour la vedette multimillionnaire, quelle démonstration "pédagogique" à l'intention de tous ses jeunes admirateurs en Afrique et dans le monde! Son compatriote Roger Milla, le Ghanéen Abedi Pelé ou le Libérien George Weah n'ont jamais besoin de régler les comptes, sur le terrain, à coups de boule, mais sans doute que leur exemple n'a pas inspiré Eto'o. Rappelons aussi que notre goleador avait, il y a deux ans molesté un journaliste camerounais dont la production ne lui plaisait pas.
A une semaine d'intervalle, le Tunisien Ben Amor qui crache au visage d'un adversaire au cours du match Espérance - TP Mazembe et le grand Eto'o qui essuie sa tête sur le Slovène Cesar, quelle pub pour le ballon d'Afrique!

samedi 20 novembre 2010

FIFA : nettoyage au karcher ou règlement de comptes?

Le 13 octobre, au Caire, inaugurant un séminaire de techniciens africains appelés à débattre des enseignements du Mondial 2010, sa majesté Hayatou VI déclarait : " Nous avons contribué à changer l'image de l'Afrique!" Et pourtant, elle ne se doutait pas que quatre jours plus tard, le Sunday Times allait lancer une bombe qui a atteint de plein fouet la CAF.
Hayatou se souviendra amèrement de l'année 2010. Celle-ci avait commencé avec la fusillade de Cabinda et la gestion pitoyable de l'affaire togolaise dont on vous épargne les péripéties. Elle s'est poursuivie avec le fiasco sportif africain au Mondial 2010 (un seul qualifié sur six pour le deuxième tour de la compétition) puis avec la bronca du stade du 7-novembre à Radès à l'occasion de la finale-retour de la Ligue des champions, Espérance sportive de Tunis - TP Mazembe (1-6). Elle vient d'être couronnée par la dislocation de sa garde rapprochée par la Commission d'Ethique de la Fifa.

Celle-ci a prononcé, le 18 novembre, la suspension de trois fidèles du président de la CAF:

* pour trois ans :

- Amos Adamu (Nigeria), membre des Comités exécutifs de la Fifa et de la CAF;

- Amadou Diakhité (Mali), membre du Comité exécutif de la CAF et membre des commissions des arbitres de la Fifa et de la CAF;

- pour deux ans :
Slim Aloulou (Tunisie), membre coopté au Comité exécutif de la CAF et président de la Chambre de Résolution des litiges et membre de la Commission du Statut du joueur de la Fifa.

Chacun des sanctionnés devra, en outre, acquitter une amende de 10 000 francs suisses. Tous les trois pourront faire appel de la sanction, voire saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Le verdict a été mal accepté par Hayatou dont les proches (il en reste) n'hésitent pas à hurler au complot dont l'instigateur serait Joseph Blatter, le président de la Fifa!
Piégés malgré eux?
S'il est établi que nos trois "éminents" dirigeants ont été piégés ( à l'insu de leur propre gré par les journalistes du Sunday Times ?), il n'empêche pas qu'ils ont accepté de rencontrer les membres du soi-disant lobby pro-Etats - Unis et qu'ils
se sont montré disposés à coopérer moyennant un "dédommagement" dont chacun a fixé le montant. Ils ont été jugés et condamnés parce que soupçonnés fortement d'être corruptibles. Leur naïveté ou leur insouciance leur auront coûté cher et leur suspension permet aux autres membres du Comité exécutif de la Fifa de se refaire, à bon compte, une virginité morale.

Amos Adamu traîne depuis des années des casseroles dans son pays. Il a conclu en 2006 une alliance avec Hayatou qui l'a aidé à se faire élire au CE de la CAF puis, en 2006, à celui de la Fifa. Et en 2007, il le poussa à évincer l'Ivoirien Jacques Anouma et à lui ravir la présidence de l'UFOA (Union des fédérations ouest-africaines). Entre autres contreparties, Adamu, en organisant en février 2009, l'assemblée générale de la CAF à Lagos, a grandement facilité la réélection de Hayatou à la tête de la CAF.
Le Nigérian espérait conquérir un deuxième mandat de quatre au CE de la Fifa (élections prévues le 23 février à Khartoum), il doit faire son deuil. Il perd tout et il est désormais interdit de toute activité liée au football (administrative, sportive ou autre) aux niveaux national et international.

Idem pour Amadou Diakhité, bras droit et poulain de Hayatou qui le préparait pour un poste au CE de la Fifa et en avait fait un dauphin potentiel. La carrière internationale du conseiller sportif et protégé du président malien ATT a pris un coup d'arrêt. Il lui sera difficile de rebondir et de retrouver du crédit d'autant que son maître - Hayatou - pourrait quitter le pouvoir en 2013.

"Si" Slim Aloulou, "l'éminent juriste que toute la planète nous envie" est tombé de haut. Lui qui se croyait plus malin que les autres, qui donnait des leçons à tous affichant une morgue haïssable, a foncé tel un plouc dans le piège de l'équipe du Sunday Times. Et se défendre comme un petit écolier : "je ne suis pas impliqué" et "j'ai refusé de faire de la délation". On attendait mieux et plus convaincant de la part du président de la Chambre de résolution des litiges de la Fifa.
"Si" Slim perd gros : outre sa charge de "magistrat" du sport, une confortable situation de rente à la Fifa (il avait à Fifa House à Zurich, des séances pratiquement hebdomadaires). Il ne pourra plus servir de "canne blanche" à Hayatou qui l'avait coopté au CE de la CAF en 2004. Bref, le "rouleur invétéré de mécaniques" tombe bas. Il lui faudra du souffle pour remonter la pente, mais il ne dormira pas pour autant sur une natte, il dispose d'un bon matelas....
Bhamjee balance

Adamu, Diakhité, "Si" Slim mais c'est aussi l'ex-compagnon de route du trio, le Botswanais Ismael Bhamjee qui est lourdement frappé par la Commission d'Ethique de la Fifa. On se souvient qu'en 2006, Bhamjee s'était fait piégé par des journalistes...anglais auxquels, il avait accepté de revendre des billets de la Coupe du monde. Cela lui valut un carton rouge : exclu du CE de la Fifa. Hayatou lui offrit un strapontin de membre d'honneur de la CAF. On le pensait inscrit aux abonnés absents mais le voilà qui réapparaît et accepte de rencontrer l'équipe du Sunday Times. Il ne se montre pas avare en confidences. Il affirme, entre autres, qu'en 2004, le Maroc, alors candidat à l'organisation du Mondial 2010, se serait grassement assuré les voix de trois membres africains du CE de la Fifa (qui pourraient être Issa Hayatou, Slim Aloulou et Amadou Diakhité). Il dit connaître un membre du CE qui aurait reçu un million de dollars du Maroc mais, qui, en fin de compte, avait voté pour l'Afrique du Sud!

Rappelons que le 15 mai 2004, à Zurich, juste après l'annonce par Blatter du choix de l'Afrique du Sud, Hayatou, Alloulou et Diakhité n'avaient eu la courtoisie d'aller féliciter Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Ils avaient quitté précipitamment la salle sous prétexte de ne pas rater leur vol! Leur comportement avait intrigué. Et ajoutons qu'à l'époque, le Botswanais formait avec Diakhité et Aloulou la garde rapprochée de Hayatou.
D'avoir mis de la suspicion dans le choix de l'Afrique du Sud, Bhamjee a récolté la peine maximum : 4 ans de suspension. Mais depuis 2006, il est hors-jeu.
Le précédent Ganga

Ce n'est pas la première fois dans l'histoire des institutions sportives internationales que des dirigeants africains, soupçonnés de corruption, sont sanctionnés. En mars 1999, impliqués dans le scandale des Jeux d'hiver de Salt Lake City, quatre membres africains du CIO (Comité olympique international) à savoir Jean-Claude Ganga (Congo), Lamine Keita (Mali)Zein el Abdin Ahmed Abdel Guadir (Soudan) et Charles Mukora (Kenya) ont été exclus. Et deux autres, Bashir Attarabulsi (Libye) et David Sibandze (Swaziland) ont été contraints par feu Juan Antonio Samaranch, à la démission. Un sixième membre impliqué, le Camerounais René Essomba décéda, avant le verdict.
Alors, le sport africain serait-il pourri? Le nettoyage au karcher décidé par le président Blatter a-t-il pour but de donner bonne conscience à la Fifa avant le vote du 2 décembre qui décidera de l'attribution des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde? Ou bien, a-t-il pour objectif masqué d'affaiblir Issa Hayatou? Mais d'ores et déjà, l'élimination d'Adamu et de Diakhité ouvre un boulevard à Jacques Anouma (Côte d'Ivoire) et Danny Jordaan (Afrique du Sud) pour le CE de la Fifa.

lundi 15 novembre 2010

Dés- Espérance

Surclassée à Lubumbashi, lors de la finale -aller, par le TP Mazembe (5-0), L'Espérance pouvait s'en sortir la tête haute, le 13 novembre, au stade du 7-novembre, à Radès. C'était sans compter avec les choix tactiques pour le moins irrationnels de l'entraîneur Faouzi Benzerti. Ce dernier opta pour un kick and rush primaire. Dès la récupération du ballon, défenseurs et demis avaient pour consigne de "balancer" dans le paquet. Des fusées aériennes à destination de la tête chercheuse du Nigérian Michael Eneramo. Pas de construction, pas de recherche du contre-pied. Et sur les renvois adverses, on spécule sur les deuxièmes pour les re-balaner encore!
Seulement, voilà Eneramo n'est pas Drogba. Il n'en a ni les qualités physiques, ni la promptitude gestuelle et ni l'aisance technique. De l 'Ivoirien, il n'a pris que le côté négatif : coups de coude, obstructions avec le postérieur, provocations et simulation... Résultats : la pression des Sang et Or ne connut qu'une seule réussite lorsque, suite à un renvoi mal assuré des défenseurs congolais, Aful expédia un tir croisé victorieux. Trop peu payé pour l'EST qui, dans la foulée se retrouva à dix suite à l'expulsion de Ben Amor pour crachat au visage d'un adversaire.
Et pourtant, durant la première période, les hommes du Sénégalais Lamine Ndiaye frôlèrent la correctionnelle : en reculant à outrance et en défendant à l'arme blanche les bois de Robert Kidiaba, ils ont laissé du champ à l'adversaire et surtout subi. Les Espérantistes ne surent pas en profiter. A dix contre onze, leurs lacunes défensives apparurent ; des arrières lents contre des tracteurs, une couverture approximative. Durant les quinze premières minutes de la seconde période, les Congolais ont engrangé les occasions de but : cinq au total mais une seule transformée par Déo Kanda qui cloua sur place le pivot Walid Hicheri, avant de prendre en défaut Moez Ben Chérifa : 1-1.
Sur la physionomie de la seconde mi-temps, la supériorité de Mazembe était indiscutable. Des attaquants racés, vifs et rapides, des demis qui ne jouent pas à demi et des défenseurs virils, bons dans le jeu aérien et les tacles même s'ils ne relancent pas toujours bien. Du travail attend dans ce secteur Lamine Ndiaye, s'il veut que son équipe figuree bien lors de la prochaine Coupe du monde des clubs.
Quant à Faouzi Benzerti, si son équipe a encaissé 6 buts en deux matchs (plus deux joueurs expulsés), il ne peut pas esquiver sa responsabilité. Si l'Epérance a eu tout faux, ce fut parce que sa recette est éculée et que ses méthodes qui tournent en dérision toute pédagogie ont fait fait long feu. L'homme n'est pas "l'éducateur que tout le monde nous envie". Et on le sait depuis longtemps, ce n'est pas non plus un innovateur.
Si l'Espérance reste un grand club, l'équipe dirigée par Benzerti n'est pas une grande équipe. Loin, loin de ce qu'avaient été l'Académie Sang et Or des Abderrahman Ben Azzedine et plus tard, celle des Tarak Dhiab et Temime Lahzami.

Indignités

La finale -retour de la Ligue des champions d'Afrique, Espérance sportive de Tunis - Tout puissant Mazembe de Lubumbashi, disputée le 13 novembre au stade de Radès a donné lieu à quelques fâcheux dérapages.

* Vous pouvez , au nom de la liberté d'expression, critiquer sévèrement la politique et l'action du président de la CAF, Issa Hayatou, dénoncer ses prises de position, mais une fois que vous le recevez chez vous, les lois de l'hospitalité exigent de l'accueillir avec dignité et respect. Respect pour l'homme pour sa fonction.
Les supporters fanatisés de l'Espérance (EST), massés dans les tribunes de Radès, oubliant toute dignité, ont sans ménagement, houspillé Hayatou avant de l'insulter aux cris de "Hayatou corrompu!". Le haut-parleur du stade n'a pas cru devoir intervenir et appeler à la retenue. Ce fut pitoyable et honteux. Et cela en dit long sur les dérives chauvines du football tunisien.
Et pourtant, Hayatou et la CAF n'ont pas eu la main lourde vis-à-vis de l'Espérance : 65 000 dollars d'amende pour les incidents déclenchés par ses supporters incontrôlés au stade du Caire lors de la demi finale Ahly - EST et 15 000 USD de pénalité pour le comportement de l'équipe à Lubumbashi lors de la finale-aller TP Mazembe - EST (5-0). L'on sait pertinemment que les sanctions pécuniaires ne sont nullement dissuasives et qu'elles ne grèvent pas le budget des clubs riches. Hayatou saura-t-il retenir la leçon?

* Les lendemains de la finale - aller, certains joueurs de l'Espérance n'ont pas hésité à traiter publiquement l'arbitre togolais Djapoué d' "ivrogne". Lors du match - retour, non seulement, les "Sang et Or" se sont acharné à viser les tibias adverses mais ils ont "disjoncté" à l'image du défenseur Aymen Ben Amor qui, tout de suite après le but marqué par son coéquipier Harrison Aful, ne s'est pas gêné pour envoyer un crachat "Sang et Or" sur le visage d'un joueur congolais. Carton rouge mérité. "Bête et stupide" a commenté la presse locale. Question : y-a-t- il un éducateur à l'Espérance?

* Le téléspectateur lampda qui a suivi la finale-retour a été mené en bateau par les réalisateurs de la chaîne locale Canal 7. La retransmission de la finale EST-Mazembe ne soutient en rien la comparaison avec celle des matchs de la Champion's League d'Europe : nombre de caméras insuffisant, cadrages fantaisistes, rareté des gros plans...Mais surtout, escamotage de l'information. Ainsi, le réalisateur a-t-il choisi de gommer toute image défavorable à l'Espérance et d'insister sur les actions de ses joueurs : le but d'Aful fut repassé en boucle à satiété. Plus, le crachat de Ben Amor qui lui valut l'expulsion (23è) ne sera montré qu'au milieu de la seconde période! Quant aux incidents provoqués par des supporters en colère de l'EST (ils se se sont défoulé sur les sièges des tribunes), ce fut le black out!
Ajoutez-y que, sitôt le match terminé, la régie coupa la retransmission et les téléspectateurs n'ont pas eu droit à la cérémonie de remise de la Coupe!
C'est beau le fair- play télévisuel!

* Titre d'une page sportive d'un quotidien tunisois : " Il se sera battu". Vous pensez qu'il s'agit du Ghanéen Harrison Aful, le meilleur joueur de l'EST même s'il méritait un carton rouge pour l'ensemble de son oeuvre. Vous n'y êtes pas. Vous épluchez la liste des joueurs de l'EST : le nom Hamdi Meddeb n'y apparaît pas. En fait, il s'agit du président du club, absent du terrain et du stade jusqu'au de sifflet final de l'arbitre sud-africain Daniel Bennet.
Morceau choisi : On sait que Lubumbashi est un enfer avec ses flibustiers - comme l'aurait dit Dante Alighieri - dont cet arbitre corrompu " et cette chute : " Hamdi Meddeb a fait de l'Espérance une grosse cylindrée; mais celui qui est au volant la maîtrise -t-il pleinement?"

mercredi 3 novembre 2010

La couleur et les odeurs

Dans les stades de l'Hexagone, quand des supporters sont mécontents d'une décision d'arbitre défavorable à leurs favoris, ils renvoient l'homme en noir (???) aux "chiottes" ou le traitent, haut et fort, d'encu.... Avec les joueurs et les dirigeants de l'Espérance sportive de Tunis, c'est une nouvelle mode qui est lancée. Ainsi après, la finale de la Ligue des champions TP Mazembe - Espérance (5-0) du 30 octobre, l'international Khaled Korbi a déclaré au quotidien Assabah que l'arbitre togolais Djaoupé Kokou " sentait l'alcool"! Son dirigeant Riadh Bennour renchérit : " Tous nos joueurs ont dit que Djaoupé Kokou sentait l'alcool" tout en refusant - le brave homme - de parler de corruption et en blanchissant ses joueurs (Darragi, Ben Mansour et Hichri) qui n'auraient pas "agressé l'arbitre" mais avaient juste" protesté" auprès de lui. Energiquement?
Questions : les joueurs tunisois disposaient-ils d'un alcootest sur le terrain? Les bons musulmans qu'ils sont, seraient-ils familiers avec les vapeurs de l'alcool? Somme toute, l'infortuné Djaoupé ne serait qu"un nègre soulard". La couleur et les odeurs : cela ne flaire-t-il le racisme primaire? Où est la commission d'Ethique de la CAF (dont le président est un certain...Amos Adamu)?
Les footballeurs nord-africains ont pris la fâcheuse habitude dès lors que des décisions arbitrales ne les avantagent pas, de cracher leur dépit et leur colère et d'"habiller" tous les arbitres qui sont originaires d'Afrique subsaharienne. On se souvient de toutes les injures et insultes dont a été, lors de la CAN 2010, couvert l'arbitre béninois Coffi Codja, coupable d'avoir voulu appliquer sans diplomatie, les lois du jeu. Bien sûr devant les cris d'orfraie des dirigeants algériens, Issa Hayatou n'a pas eu de scrupule à "sacrifier" le Béninois.
Tous ceux qui hurlent après les arbitres oublient évidemment les matchs où des décisions - défavorables à l'adversaire -, leur ont permis de rafler des victoires. Et l'Espérance depuis 1993, n'est pas la plus mal lotie dans ce domaine. Et, par ailleurs que nos "champions du fair play" se souviennent du comportement de leurs joueurs, dirigeants et supporters à Accra, en décembre 2001, à l'occasion lors de la finale -retour Hearts of Oak - Espérance (3-1).
Ce rappel étant fait, le football africain est bel bien malade de l'arbitrage. Le niveau des sifflets a nettement régressé depuis M. Amadou Diakhité dirige la commission des arbitres de la CAF. Exemple : aucun arbitre africain n'a eu à diriger de match au second tour du Mondial 2010! Plus est, la désignation des arbitres est sujette à à une sévère critique. Ainsi, nonobstant le niveau et la forme du Togolais Kokou Djapoué, comment pouvait-on le désigner pour une finale à gros enjeu sportif et financier alors que chez lui, il est depuis de longs mois réduit au chômage technique : les compétitions sont suspendues au Togo depuis Angola 2010 et l'on attend l'élection d'une nouvelle fédération pour les faire redémarrer.
Au lieu de s'en prendre à M. Djapoué, les dirigeants de l'Espérance auraient été plus inspirés de mettre en cause ceux qui l'ont envoyé au casse-pipe à Lubumbashi. Mais, c'est trop leur demander. Ah, la couleur et les odeurs, c'est plus commode....

lundi 1 novembre 2010

Le Tout puissant brise l'Espérance

La finale aller de la Ligue des champions, disputée le 31 octobre au stade de la Kenya, à Lubumbashi, a basculé à la 19è minute. Inscrit par le capitaine congolais Ngandu Kasongo, sur coup franc, le premier but est validé par l'arbitre togolais Djaoupé. Les joueurs tunisois protestent : le ballon n'aurait pas franchi la ligne. Palabres, bousculade. Et carton rouge pour Mohamed Ben Mansour.
A dix contre onze, les Tunisois perdent pied et ils se désagrègent. Ils "ouvrent" des boulevards aux attaquants locaux / Kasongo double son acif (75è), le Zambien Given Singuluma réussit le doublé (55è et 59è) et Dioko Kaluyituka transforme un penalty à la 44è : 5-0!
Avec une telle avance au marquoir, le Tout puissant devra aborder, le 13 novembre, au stade Radès, la finale-retour avec sérénité. Mais, dans le foot africain, tout peut arriver. Et souvent le pire. Rappelons qu'en demi-finale, à Tunis, un but marqué de la main par le Nigérian Michael Eneramo avait permis à l'Espérance d'éliminer Nadi al-Ahly du Caire.
Le succès de Lubumbashi est à mettre au crédit de l'entraîneur sénégalais Lamine N'Diaye qui a traversé, depuis la CAN 2008, une période de vaches maigres. Et le Waterloo de l'Espérance "enrichit" la collection de "toiles" de Faouzi Benzerti, le "technicien que tout le monde nous envie", le "Mourinho de pacotille".