jeudi 21 mai 2009

Ballon carré d'Ivoire

Jeudi 7 février 2008, le stade Baba Yara de Kumasi accueille la demi-finale de la 26è Coupe d'Afrique des nations, Egypte -Côte d'Ivoire. Les champions d'Afrique en titre domptent facilement les Eléphants : 4 à 1!
Deux jours plus tard, toujours à Kumasi, en match de classement, le Black Star du Ghana enfonce les Ivoiriens : 4-1. Huit buts encaissés en deux matchs, Didier Drogba et ses coéquipiers quittent la CAN 2008 la tête basse. Leur cinglant échec s'ajoute à leur faillite en finale de la CAN 2006, face, une fois de plus, à l'Egypte. Commentaire de Jacques Anouma, le président de la Fédération ivoiriene de football (FIF) : " Il faut repartir à zéro, continuer à construire notre football. Je ne suis pas découragé. Je n'ai pas le fétichisme des trophées."

Janvier 2009, les Eléphanteaux disputent au Rwanda, le Championnat d'Afrique des moins de 20 ans. Eliminés après trois matchs : un seul but inscrit et six encaissés.

Février 2009, la Côte d'Ivoire accueille le 1er Championnat d'Afrique des nations (CHAN) - un tournoi réservé aux joueurs non expatriés -. L'équipe représentative du pays, bien qu'évoluant à domicile, est éliminée dès le premier tour : zéro victoire et zéro but marqué en 3 matchs! Jacques Anouma présente "ses excuses au peuple ivoirien" et déclare : " J'assume l'échec!" Il ne démissionne pas pour autant de son poste. Il en est de même de l'entraîneur Georges Kouadio.

Mai 2009, les deux derniers clubs ivoiriens engagés dans les compétitions africaines disparaissent de la Ligue des champions (ASEC Abidjan) et de la Coupe de la Confédération (Jeunesse Club d'Abidjan). Ils rejoignent dans la trappe l'Africa Sports d'Abidjan et la SOA, éliminées dès les seizièmes de finale. Cela fera bientôt onze ans qu'aucun club ivoirien n'a remporté de titre continental.

Question : qu'on fait les dirigeants du football ivoirien depuis 1999? On se souvient que, le 9 février 1999, les Académiciens de l'ASEC Mimosas remportaient la Supercoupe d'Afrique après avoir donné une leçon de foot à l'Espérance sportive de Tunis (3-1). Rappelons que tous les jeunes héros de 1999 ont été formés à Sol Béni par ...Jean-Marc Guillou. Ils fournissent aujourd'hui 95% de l'effectif de la sélection de Côte d'Ivoire. Tous évoluent dans des clubs européens et certains font partie du gotha mondial (Kolo et Yaya Touré, Kalouninho...).

Depuis plusieurs années, Guillou est persona non grata en Côte d'Ivoire et son nom est officiellement tabou. Ni la FIF, ni son président n'ont exprimé, même à demi-mot, une quelconque reconnaissance à l'égard du technicien français -qui n'a rien coûté à la FIF-. Ils oublient que si la Côte d'Ivoire dispose depuis 2005 d'une équipe nationale de haut niveau (même si c'est l'arbre qui cache la forêt), elle le doit au travail et au dévouement de Guillou. Seulement, voilà, ils ne veulent déplaire à l'inamovible président de l'ASEC, M° Roger Ouégnin.

" Le club de M°Roger Ouégnin, écrit Le Nouveau Réveil d'Abidjan, ne fait plus recette. Et pourtant, plus qu'hier, l'ASEC s'est doté d'un centre de formation des mieux équipes de la sous-région. C'est le club ivoirien qui possède le plus de partenaires commerciaux. En dépit de tous ces atouts, le club Jaune et Noir piétine (depuis dix ans) et ses résultats sont de moins en moins reluisants." Après le départ de Guillou, M° Ouégnin avait engagé le Français Pascal Théaut pour diriger le centre de formation de l'ASEC. L'expérience s'acheva au bout de quatre ans sans résultat convaincant. Le Suisse allemand Walter Ammann a été chargé, depuis quelques mois de prendre la relève. Il a tout se suite annoncé la couleur en se démarquant de la philosophie et des méthodes de Guillou alors que celui-ci lui avait, dans les années 1998-99, largement ouvert les portes de l'Académie mimosifcom à Sol Béni.

Mais le déclin de l'ASEC n'occulte pas l'absence d'un véritable projet sportif en Côte d'Ivoire.
Les Eléphants entretiennent la flamme et leurs exploits passionnent les foules (même si leur fait défaut une consécration internationale) mais la génération des Kolo, Gnéri, Zokora, Aruna et autres Baky n'est pas éternelle. Elle est en mesure d'obtenir une qualification pour la Coupe du monde et la CAN 2010. Quand elle ne sera plus là, le reveil risque d'être douloureux. A bon entendeur, salut!

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