vendredi 29 mai 2009

Mustapha Zitouni, un footballeur de la Révolution

« L’absence de Zitouni, écrivait le 21 avril 1958, François Thébaud dans l’hedomadaire Miroir Sprint, qui s’était imposé ces derniers mois comme le meilleur demi - centre opérant en France, constitue une perte incontestable. » La Classe. Et l’admiration des connaisseurs.
Né à Alger le 19 octobre 1928, Mustapha Zitouni débuta à l’Olympique Saint -Eugène avant de partir pour l’A.S. Cannes où vint le recruter l’A.S. Monaco. Ce fut sous les couleurs monégasques qu’il perça et connut la notoriété. Grand et athlétique, c’était la tour de défense sur laquelle venaient se briser les offensives adverses. Le 6 octobre 1957, il succéda au Rémois Robert Jonquet dans l’équipe de France, face à la Hongrie, à Budapest (0-2). Il fut inclus dans les formations tricolores qui affrontèrent la Belgique (0-0) et l’Angleterre (4-0). Le 13 mars 1958, au Parc des Princes, il se mesura aux prestigieux attaquants espagnols Alfredo Di Stefano, Laszlo Kubala et Luis Suarez (2-2). Donjon imprenable, il convainquit le public parisien et les sélectionneurs : il était assuré de partir en Suède.

Le samedi 13 avril, il prit toutefois une direction opposée, celle de Tunis où il rejoignit les rangs de l’Algérie combattante. Il devint vite la grande figure de l’équipe du FLN (Front de Libération nationale) qui, de 1958 à 1962, conquit sportivement l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Europe de l’Est et l’Asie du Sud-Est.
Après l’indépendance de son pays, il rentra à Alger et occupa le poste d’entraîneur – joueur au R.C. Kouba. Le 2 janvier 1964, au stade d’El Anasser, l’Algérie rencontra et battit la République fédérale d’Allemagne (2-0). Après le match, Sepp Herberger, l’entraîneur allemand, vint lui demander son …passeport afin de s’assurer qu’il avait bien 35 ans tant il avait été le meilleur des 22 joueurs sur le terrain ! Oui… à 35 ans, Zitouni avait tenu tête aux redoutables attaquants germaniques Konietzka, Kramer, Libuda et autres Wilden en interceptant tous les services qui leur étaient destinés et en manoeuvrant avec intelligence.

Après sa retraite, Zitouni retourna s’installer sur la Côte d’Azur, à Nice où il dirigea l’agence d’Air Algérie. Il répondit, à chaque fois, présent aux sollicitations de ses anciens compagnons du FLN. Le 14 avril 1988, à Alger, il porta le brassard de capitaine, à l’occasion d’un tournoi maghrébin qui marqua le 30è anniversaire de l’équipe du FLN.

Ce fut ses adieux au public algérien. Ces dernières années, la maladie d’Alzeimer ne l’a pas épargné.
La fondation de l’équipe du FLN ne l’a pas oublié. Le 25 mai 2009, à Alger, elle a organisé, en présence des membres de sa famille, un jubilé dont le seul moment d’émotion fut à l'actif des jeunes Académiciens du Paradou. Des artistes en herbe qui font vivre avec amour le « cuir » et sur lesquels veille …Jean-Marc Guillou, le « père » des Académiciens ivoiriens.

Faouzi Mahjoub

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