dimanche 4 juillet 2010

Welcome to South Africa 2010 (29) : à la gloire du maoudo du ballon

Il a dit et répété , parodiant Martin Luther King : "J'ai un rêve!" Dans la soirée du vendredi 2 juillet, à Soccer City, le rêve s'est transformé en cauchemar. Il a rasé les murs sans piper mot comme s'il était conscient que ses habituelles rodomontades n'allaient plus amuser la galerie. Et puis, son lourd manteau l'engonçant trop, alors, il s'est éclipsé pour rejoindre le palace réservé aux VIP de la Fifa. Il a oublié qu'il était président de la Confédération africaine de football (depuis ...1988) et que, devant les yeux de 80 000 de spectateurs et de plus d'un milliard de téléspectateurs, le Black Star du Ghana, dernier rescapé africain de South Africa 2010, venait de laisser échapper, faute de concentration de la part de l'égocentre Asamoah Gyan, une qualification qui aurait été historique, pour les demi-finales de l'épreuve mondiale.


Lui et d'autres crabes avaient pourtant annoncé la victoire d'une équipe sud-africaine à Johannesburg le 11 juillet! Las, le bilan chiffré a claqué comme une gifle : avec six équipes en 2010, l'Afrique n'a pas fait mieux qu'en 1990 avec deux! Vingt ans après, la performance de Roger Milla et de ses frères a été égalée sans plus. Et encore faut-il préciser qu'entre le jeu poussif et sans imagination des Ghanéens en Afrique du Sud et le spectacle produit en 1990 par les Lions camerounais face à l'Argentine, à la Roumanie, à la Colombie et à l'Angleterre, il n' y avait pas photo. Le parcours du Black Star a seulement permis d'alimenter la démagogie et le chauvinisme tout en suscitant une grosse vague d'exotisme bon marché dans les médias d'Europe.


Rappelons le bilan des représentants africains au mondial depuis 1998 :


* 1998 : 15 matchs joués, 3 victoires, 5 nuls, 7 défaites, 14 buts pour 29 contre


* 2002 : 17 matchs, 4 victoires, 6 nuls, 7 défaites, 15 buts pour, 22 contre


* 2006 : 16 matchs, 3 victoires, 3 nuls, 10 défaites, 15 buts pour, 26 contre


*2010 (6 équipes) : 20 matchs, 4 victoires, 5 nuls, 11 défaites, 17 buts pour, 22 contre.

Soit au total, 68 matchs disputés en phase finale, 14 succès, 19 nuls et 35 défaites avec 61 buts pour, 99 contre.


Au regard de ces chiffres qui indiquent un bilan global déficitaire, peut-on décemment parler de progrès quantitatifs décisifs? Par ailleurs, à l'issue du premier tour de South Africa 2010, l'Europe a eu 6 qualifiés sur 13, l'Amérique du Sud 5 sur 5, l'Asie, 2 sur 3, l'Amérique du Centre et du Nord, 2 sur 3 et l'Afrique 1 sur 6! Messieurs Abedi Pelé et George Weah, vous qui aviez claironné que l'Afrique remporterait la Coupe du monde, rangez vos vuvuzelas et redescendez sur terre!


Avec des dirigeants d'associations nationales laxistes ou incompétents (cf. MM. Mohamed Iya, Mohamed Raouraoua, Jacques Anouma et Abdullahi Sani Lulu), des entraîneurs de seconde main peu inspirés (cf. Paul le Guen, Sven Goran Eriksson, Lars Lagerback et Rabah Saadane) et des vedettes individualistes au comportement haissable (cf. Didier Drogba et Samuel Eto'o), les équipes africaines ne pouvaient pas aller très loin. Objectivement, au plan des potentialités sportives, elles n'ont pas été inférieures à leurs rivales européennes, sud-américaines ou asiatiques, mais elles ont failli dans leur entreprise parce que non programmées pour être compétitives. Trop frileuses, trop brouillonnes et mal entourées.

Le Nigérian Amos Adamu, un afidé d'Issa Hayatou a parlé de l'impréparation des finalistes africains. Il a eu raison sauf qu'il a occulté la responsabilité directe de la CAF. En maintenant, contre vents et marées, l'organisation de la CAN à quatre mois de la phase finale du Mondial, le lamido du ballon a "bousillé' la préparation des futurs mondialistes. Ainsi, rappelez-vous, qu'en Angola, les cinq qualifiés (l'Afrique du Sud était absente) ont tous été malmenés et en particulier par l'Egypte. Ils y ont laissé des plumes. Outre que la CAN a entamé les réserves physiques et réduit le tonus des expatriés qui eurent du mal à revenir au premier plan dans les championnats européens, elle a surtout déstabilisé les équipes du Cameroun, de Côte d'Ivoire et du Nigeria. Jacques Anouma et son homologue nigérian prirent, pour masquer leur responsabilité, l'initiative de virer les entraîneurs Vahid Halilhodzic et Amodu Shaibu et de recruter, à deux mois du coup d'envoi du Mondial, deux Suédois (?) qui ne connaissaient ni l'Afrique, ni son football. La sanction du i terrain est venue à point rappeler qu'une équipe de foot bâtie et préparée à la hâte est condamnée à s'écrouler.

Aucune confédération continentale (Uefa, Conmebol, Concacaf et AFC) n'a commis l'erreur d'organiser un Championnat des nations à quatre mois d'une Coupe du monde. Hayatou le fait toujours parce qu'il pense recettes commerciales et s'en ...fout des joueurs, de leur préparation, de leurs besoins....Il refuse de changer la périodicité de la CAN et vient de concocter une "recette" indigeste : une CAN en 2012 et une seconde en 2013! Tant pis pour la logique sportive et pour le foot africain qui paye cash l'inconstance de ceux qui le dirigent.

Bien sûr, MM. Iya, Raouraou, Anouma et consorts peuvent se frotter les mains : ils recevront, de la Fifa, chacun, une enveloppe de 3, 51 milliards FCFA (7, 9 milliards pour le Ghana) et sauveront la face.

"Le football africain, assène Jean-Marc Guillou, a perdu son âme qui était synonyme d'inspiration, de liberté, de goût inné pour le jeu offensif". Mais de cela, le maoudo* et sa cour s'en soucient-ils?

* seigneur en langue peul.

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